COMPTINE
Genre poétique très rythmé destiné à l’enfance qui, outre son but ludique, aurait,selon les auteurs du “ Dictionnaire des termes littéraires “ , pour fonction “ ...de les initier à l’apprentissage des normes de régularité et de répétition qui président à tout processus de socialisation “
Elle présente quelques analogies avec le « Virelangue *, le « Ricochet* »,, le « Cadavre *exquis « ou la « Scie* « et est parfois aussi nommée « Formulette * « ,« Nursery* rhyme », « Comptage « , « Comptain « voire « Empro * « ( Voir à ces mots : * )
Pas toujours cohérent le texte privilégie volontiers les assonances et les rimes au détriment du sens et est souvent introduit par une onomatopée telle que « Plouf-Plouf » quand il n’en est pas entièrement constitué comme dans la comptine bien connue « Am Stram,Gram,Pique,pique & Clolegram, Bourre , bourre et ratatam nostram ».
L’utilisation de la comptine vise souvent à se substituer au tirage au sort pour désigner une personne devant jouer un rôle particulier dans une action ou un jeu et ,pour ce faire ,le groupe se réunit en rond chaque personne étant désignée au fur et à mesure de l’égrenement de la comptine , le dernier élément de celle-ci désignant intéressé .comme , par exemple dans la comptine : « Une oie, deux oies, trois oies, quatre oies, cinq oies , six oies , sept oies (C’est toi !! ) »
Ce procédé est , dans certaines régions , nommé " Ploufer " en référence au début de la comptine ...
Y sont apparentées les formules, très souvent transgressives , inventées par les écoliers et scandées à satiété du genre :
« Mon pantalon est décousu et si ça continue on verra le trou de mon de mon…..pantalon est décousu …. «
« Vivent les vacances ! Point de pénitence ! Les cahiers au feu et le maître au milieu ! «
« Au clair de la lune , j’ai pété dans l’eau, ça faisait des bulles c’était rigolo ! «
Ces comptines sont durant très longtemps restées non écrites et, transmises oralement de génération en génération ,cantonnées au domaine strictement enfantin .
Elles sont absentes de la littérature de colportage et ne sont apparues que tardivement dans les œuvres littéraires , y compris dans celles destinées à la jeunesse car considérées comme « non-conformes » au modèle éducatif souhaité .
Ce n’est qu’à partir du milieu du XIX° siècle que des recensements ont commencé a en être faits sur initiative ,en 1852, du ministre de l’instruction publique Fourtoul , collectes qui conduisirent à la publication de recueils dont l’un des plus anciens, en rassemblant 350 , est « Les enfantines du bon pays de France « que Philippe Kuhff publia en 1878.mais qui , bien qu’établi sur une initiative officielle, ne fut pas admis à l’exposition universelle de 1878, ni bien sûr en milieu scolaire …
Diverses enquêtes nationales (1931) ou privées (Philippe Soupault-1957) ont suivi qui ont permis de collecter plus de 8000 comptines, la Bretagne s’avérant être le domaine le plus riche..
S’en sont suivies des publications en rassemblant un certain nombre comme par exemple : « Pêle-mêle :un peu de tout pour les enfants »(1935), « Enfantines , Rondes e rythmes « ( 1939)« Comptines de langue française « Chez Seghers en 1961 etc …
Mais toutes ces publications sont restées au niveau du recensement formel et les comptines n’ont pas fait l’objet en France d’études linguistiques , historiques , ethnologiques ou sociologique comparables à celles qui ont conduit en Angleterre à la publication de l’ « Oxford dictionnary of nursery Rhymes , leur parution n’a pas induit de changement rapide des mentalités et ce n’est guère qu’après la seconde guerre mondiale que l’éducation nationale s’y intéressa.
On pourra consulter avec profit l’article beaucoup plus complet d’Isabelle Nières-Chevrel « Comptines et formulettes « du « Dictionnaire du livre de jeunesse « (Cercle de la librairie -2013)
On peut assimiler aux comptines les chansons destinées à rythmer un travail qui ont existé depuis les époques les plus reculées : on en connaît pour les porteurs égyptiens , pour les fileuses grecques , pour les forgerons latins etc …
L’époque moderne n’en est pas exempte et quasiment tous les métiers ont les leurs parmi la foule desquelles on peut citer le « ALA* « (ou " Alla " ou " A La") des typographes *:
: « À la , À la, À la
À la santé du confrère
Qui nous régale aujourd'hui
Pas d’eau ! Pas d’eau ! Pas d’eau !
À la santé de Batisse
Plus l’on boit plus l’on pisse
À la santé de Nicolas
Plus l’on boira plus l’on pissera !
Ou la comptine des vendangeurs chargés de vider un pressoir à l’aide d’une pelle en bois qui était en outre parfois rappelée sur les murs du chai par un dessin mnémotechnique :
« Pelle blanche, pelle noire
« Pelle avec un petit manche
« Pelle en bas , pelle en haut
« Pell’ qui n’en a guère
« Pelle en bas, pelle en haut
« Pelle qui n’en a pas «