ÉLIMINATION
L’élimination peut concerner des livres , des documents , des archives jugées superflus et encombrant inutilement un espace de rangement .
Les bibliothécaires nomment cela “ Déserherbage * “ , les archivistes “ Purge * “ ou “ Transfert * “ les anglais “ Weeding * “ ou “ Deaccession * “ ...mais la chose est identique : éliminer des documents et les faire disparaître!
L’élimination étant irréversible et définitive, la décision est difficile à prendre rien n’indiquant si un document demeuré inerte pendant une trés longue période le restera définitivement ...
Des cas retentissants d’erreurs ,,tel celui de la bibliothèque de Poitiers il y a quelques années ,sont connus dans ce domaine mais , les capacités de stockage n’étant pas illimitées force est , à un moment ou un autre de procéder à des éliminations ...
La chose concerne aussi les lexicographes * qui , lors de la rédaction d’une nouvelle édition d’un dictionnaire ,doivent faire le choix de certains mots à éliminer .
Les critères de choix varient avec la nature de l’ouvrage et des dictionnaires comme le “ Petit Larousse “ et le “ Petit Robert “ se renouvelant tous les ans et devant coller étroitement à l’évolution de la langue élimineront plus facilement un mot qu’un ouvrage encyclopédique disposant de d’avantage de place et se renouvelant moins souvent .
La sélection est cependant difficile et le lexicographe se trouve devant un dilemme un peu semblable à celui de l’archiviste à cette nuance prés que le mot éliminé ne le sera pas totalement puisqu’il subsistera dans les éditions anciennes que les puristes ou les amateurs pourront toujours consulter ...
Le problème sera tout autre dans les ouvrages ambitionnant de donner un aperçu de l’évolution de la langue ou , au contraire, seront conservées les diverses formes même si elles sont devenues inusitées ....
Pour ce qui concerne les archives ,après la période révolutionnaire qui procéda à des éliminations assez souvent sauvages et abusives, le problème ne fut plus guère abordé durant plusieurs années durant lesquelles on se contenta d’accumuler les documents jusqu’à ce que la masse de ceux-cis et l’exigüité des locaux affectés à leur conservation ne conduisent à faire des choix.
Les procédures d’élimination s’installèrent ensuite de façon inégale ,les décrets , tel celui du 9 Novembre 1835, n’étant guère respectés.
Concernant la bibliothèque de l’amateur le problème est différent et , bien souvent, des livres ayant perdu tout intérêt y sont conservés par répugnance à éliminer ,paresse, superstition ,instinct d’accumulation ou immobilisme....Montherlant disait à ce propos dans “ Solstice de Juin” ( 1963) “ Jurons nous que chaque jour nous ferons sauter un livre de notre bibliothèque et cette journée n’aura pas été perdue ! “ ...vœu pieux qui n’eût sans doute pas l’ombre d’un début exécution ...
D’ailleurs qui , ayant dans un sursaut d’énergie , éliminé tel livre de sa bibliothèque ne l’a pas très peu temps plus tard regretté ?....Alain Nadaud écrit à ce sujet : “ ....on n’éliminera pas comme cela le vide laissé par ce livre auquel , si on l’avait gardé , on n’aurait d’ailleurs plus pensé . “ ( in “ Ivre de livres “ 1989)