LIVRAISON
1)Partie d’un ouvrage paraissant par cahiers*, fascicules * ou fractions successives diffusées ,dans un périodique, par courrier , dans les kiosques * à journaux ou par les « Crieurs * de feuilletons « et revêtues d’une “ Couverture de livraison * “.après brochage *ou agrafage*
Les livraisons peuvent avoir toutes les périodicités * possibles ..
De nombreux auteurs furent ainsi publiés avant d’être édités en volumes ,les premiers furent Dumas et Balzac (1836 dans « La Presse « ) suivis de nombreux autres,qui , tels Jules Verne,Zola,Nerval,Victor Hugo et...Charles de Gaulle, n’ont pas dédaigné ce mode de publication qui leur assurait une large diffusion dans des couches sociales peu touchées par le livre en raison de son coût.
Edmond de Goncourt raconte dans son journal avoir lu le roman « Le dernier des mohicans « de Fénimore Cooper dans des livraisons à bon marché …
Une “ Couverture générale “ accompagnée des pages de titre et d’une table était souvent jointe à la dernière livraison et c’est ainsi que l’on rencontre fréquemment des volumes, à reliure d’amateur plus ou moins habile,réunissant l’ensemble des livraisons d’une œuvre en un seul livre avec , parfois , conservation des diverses “ Couvertures * de livraison “ .
La comparaison entres ces livraisons et l’œuvre publiée en volume par la suite est intéressante car elle révèle parfois des corrections utiles pour comprendre la pensée de l’auteur...
Il est à noter que ,quelquefois, la première édition en volume de ces livraisons a été offerte par le journal à ses abonnés: c’est le cas ,par exemple des “ Faux saulniers “ de Gérard de Nerval dont un tirage à part fut offert à ses lecteurs par le “ National”.
La pratique de la publication en volume des diverses livraisons parues dans la presse fut très courante chez les vulgarisateurs scientifiques tels Babinet , Rambosson ou Figuier , certains , comme Henry de Parville présentant leurs rubriques annuelles regroupées sous le titre de “ L’année scientifique “ .
2)Les publications pour la jeunesse ont eu massivement recours à ce mode de distribution soit pour diffuser par livraisons successives une œuvre de quelque importance soit pour narrer les aventures d’un héros récurrent, chaque fascicule se suffisant à lui-même.
Bien qu’exhaltant des vertus patriotiques et morales toutes ne furent pas bien accueillies par les parents ou les autorités religieuses qui les trouvaient suspectes (Voir censure * ) …mais certaines –les aventures d’ Arnould Galopin par exemple – ont eu , moyennant quelques adaptations, l’heur de plaîre aux éducateurs qui les utilisèrent en milieu scolaire.
Adoptant souvent le format d’un livret de 32 pages elles firent souvent l’objet de regroupement en albums destinés aux étrennes de fin d’année .
L’arrivée des « Pulp*-fiction »américaines dans les années 30 , sans les faire disparaîttre, en freina la diffusion .
(Sur le sujet , on consultera avec profit l’article beaucoup plus complet d’ Annie Renonciat : « Fascicules « dans le « Dictionnaire du livre de jeunesse « édité par le cercle de la librairie )
3)La publication par livraisons a parfois concerné d’autres ouvrages que le livre comme ce fut le cas pour la lithographie “Le burg à la croix “(1850) de Victor Hugo qui , en raison de ses grandes dimensions ( 0,73 x 1,25 m ), fut publiée en 1878 en plusieurs bandes dans le journal “ Le rappel “
-Pour désigner ces livraisons on emploie parfois le synonyme :fascicule*
4)Une “ couverture de livraison “ est une couverture provisoire réalisée en papier de basse qualité et destinée à recouvrir un ouvrage en attente de reliure .
À la fin du XIX° siècle les couvertures de livraison (mais pas leur dos * qui resta longtemps muet )donnaient tant de détails sur les auteurs , relieurs , dessinateurs,imprimeurs etc ...que les éditeurs Breteau et Pichery décidèrent de prendre le contre-pied en publiant des couvertures de livraison anonymes .
Le terme est synonyme de “ Reliure d’attente * “ .
5)Dans le langage des relieurs les cahiers * sont parfois nommés « Livraisons * «
( Voir à ces mots : * )