DÉSACIDIFICATION
Ensemble de procédés visant à neutraliser l’acidité du papier qui est la cause de rousseurs* et brunissures* et en définitive de sa destruction.
La quasi totalité des papiers produits depuis l’industrialisation de la fabrication des pâtes au XIX° siècle souffre d’un excès d’acidité qui conduit irrémédiablement ,à plus ou moins longue échéance, à la destruction des ouvrages qu’ils ont servi à confectionner.
Les méthodes de désacidification sont longues et coûteuses , imposent souvent le démontage complet de l’ouvrage et consistent à imprègner le papier d’un produit constituant une réserve alcaline rémanente .
Les premières tentatives furent effectuées vers 1930 mais il fallut attendre les années 70 pour que ces méthodes soient appliquées à une échelle significative.
L’une d’elles est la “ Méthode Barrow “ consistant à plonger le document dans des bains successifs d’hydrate et de bicarbonate de calcium; une autre méthode utilise les vapeurs ammoniacales .
Devant l’ampleur du problème les grandes bibliothèques n’ont souvent pas d’autre recours que de microfilmer les livres pour en conserver une trace et de laisser le processus de destruction suivre son cours...
Des stations semi-industrielles de désacidification de masse au carbonate méthyl magnésium permettant de traiter de 150 à 200 ouvrages par jour , existent depuis 1988 au sein du “Centre de conservation de la bibliothèque nationale “.
D’abord installées au chateau de Sablé -sur- Sarthe et à Provins elles ont été relayées depuis 1996 par la station de Marne la Vallée utilisant une méthode inspirée du procédé “ Wei T ‘ o “ originaire du Canada et dont la capacité de traitement est estimée à 300000 volumes par an, le traitement pouvant s’effectuer par tranches de 600 volumes in /8°.
Le coût initial de la désacidification auquel venaient s’ajouter le coût du thermocollage * destiné à restaurer la solidité des ouvrages à été quasiment réduit de moitié par l’emploi d’un procédé de clivage mis au point en Allemagne .
Il existe d’autres méthodes de désacidification comme , par exemple , le procéde “ Bookkeeper “ utilisé par la bibliothèque du congrès et par la Bnf . pour les journaux ,le procédé du docteur Wächter utilisé à la Deutsche Bibliotek de Leipzig, ou le procédé “ CSC Book Saver “ utilisé à Saint Pétersbourg
Il faut noter que la seule parade est l’usage généralisé du “ Papier permanent * “ (voir ci-dessous )car une tentative de désacidification préventive à l’aide des procédés décrits ci-dessus serait pire que le mal combattu en augmentant par trop la réserve alcaline du papier ce qui provoquerait une hydrolyse alcaline aussi destructrice que l’hydrolyse acide ....
PAPIER PERMANENT
1)On appelle “Papier permanent” un papier de très belle qualité conçu pour avoir une très grande durée dans le temps et pouvant être désigné par diverses appellations commerciales : “Permalife* paper” , “Papertex* « , « Chronos * « etc …
Chimiquement neutre, son emploi est signalé par la présence, à la fin de l’ouvrage, d’un symbole représentant le signe “Infini ” dans un cercle :
Des premières études commençées dans les années 1950 au papier répondant aux spécifications de la très rigoureuse norme ISO 9706 (ANSI Z 39.48) de 1994 quarante quatre ans auront été nécessaires à la mise au point de ce papier dont l’emploi reste encore freiné par son coût
Fabriqué à base de bois dont on a éliminé tous les éléments non cellulosiques il doit avoir un “PH * ” compris entre 7,5 et 10 et répondre à de sévères contraintes de résistance à l’oxydation (indice “Kappa* ”inférieur à 5 ) ,de réserve alcaline(supérieure à 2% ),de résistance à la déchirure(supérieure à 350 millinewton ) etc...
Lorsqu’ils comportent une réserve alcaline suffisante pour absorber une partie de l’acidité du milieu ambiant ils sont dits « papiers barrière «
2)Le terme a été appliqué à certains ouvrages encyclopédiques se proposant de remettre périodiquement à jour les matières qu’ils contenaient ...la première manifestation du genre est due au vulgarisateur * Louis Figuier qui , à partir de 1857, publia l’ “ Année scientifique et industrielle “ dans laquelle il faisait le point des dernières avancées technologiques et scientifiques .