GLISSEMENT
On nomme glissement le fait que certaines œuvres séduisent un lectorat non visé à priori soit en étendant leur domaine d’intérêt ,soit en abandonnant le domaine initialement visé …
Les glissements les plus courants se sont faits du domaine du lectorat adulte vers celui de la jeunesse et les exemples sont nombreux de livres devenus des best-sellers du « Livre-jeunesse « alors que leurs auteurs les avaient écrits sans penser à ce public .
La plupart du temps , ces glissements se sont faits au prix de coupes ou de condensés en supprimant les passages philosophiques, politiques , à visée sociale etc …et il existe de notables différences entre le texte original et celui destiné à la jeunesse .
Parmi les cas les plus célèbres , on peut citer :
-« Robinson* Crusoë » de Daniel de Foë (1719)qui outre les nombreuses éditions destinées aux adultes eût une multitude d’éditions plus ou moins amendées destinées au jeune lectorat , quasiment aucune des multiples collections « Jeunesse « existantes n’a omis ce titre …qui , par ailleurs ,a suscité l’émergence du genre particulier des « Robinsonnades * « ( Voir à ces mots : * )
-« Alice au pays des merveilles «De Lewis Caroll alias Charles Lutwige Dodgson (1865) , à l’origine pas du tout écrit pour la jeunesse et contenant nombre d’allusions sociologiques ou politiques critiques , puis devant le glissement en cours , réécrit pour un jeune public ..
-« Les voyages de Gulliver » de Jonathan Swift (1726) qui le font voyager à Lilliput,à Brobdingnag,à Laputa et chez les Houyhnhnms dont les descriptions comportent de nombreuses notations critiques concernant la société de l’époque …et quelques passages scatologiques ont été écrits pour un public adulte mais , assez vite , un glissement s’est fait vers la jeunesse en ne conservant d’abord que les deux premiers voyages chez les lilliputiens et les géants puis en se limitant au premier et en expurgeant de nombreux passages
-Pour l’époque contemporaine on peut également citer « Les trois mousquetaires «D’Alexandre Dumas (1844) « Zazie dans le métro « de Raymond Queneau (1959), La « Trilogie » des souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol (1957/60)et une multitude d’autres ….