AMULETTE (parfois AMULETE))
Le mot ,qui vient de l’arabe “ Hamaleth “ (“Chose suspendue “ )était féminin au XVI° siècle puis noté de genre masculin (et souvent sous la forme “ Amulete “ .)dans les éditions anciennes du dictionnaire de l’académie et dans nombre de dictionnaires de la même époque pour finalement changer à nouveau de genre et être considéré comme féminin par tous les dictionnaires modernes.
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Il semble y avoir eu divergence à ce propos car Agrippa d’Aubigné l’employait déjà au féminin et une édition Cazin * des “Pensées ” de Pascal l’emploie avec ce genre en 1785..
Écrit ou objet,parfois nommé “Charme “,“ Brevet * “, « Abascante * « ,ou « Scapulaire* « qui, porté sur soi , est sensé protéger son possesseur (et lui seul contrairement au talisman * ) contre divers dangers l’amulette, est souvent réalisée sur un support auquel on prête des vertus magiques (agneau mort-né,serpent,peau de cygne, et même disent certains , enfant égorgé etc...)et à l’aide d’une encre spéciale (eau de rose,de safran etc...) ;le texte de l’amulette n’est pas réellement destinée à être lu mais à être portée en guise de talisman* ou de “Gri-Gri * “ voire à être mangé * comme certaines amulettes Franciscaines...(ou le “ talisman * évoqué par Mme. de Genlis dans l’un de ses livres....[voir ci-dessous )
Le texte contenu dans l’amulette peut être qualifié d’apotropaïque *, l’un des plus classiques de l’antiquité est la “ Formule éphésienne “ dont le sens paraît codé mais il existe de nombreuses amulettes contenant des extraits de textes sacrés des diverses religions ( bible , coran etc ...)
Contrairement à une idée reçue fréquemment exprimée l’usage de l’amulette n’a pas toujours été l’apanage exclusif des sociétés païennes : les premiers chrétiens en ont fait un large usage en portant sur eux des textes sacrés transcrits sur divers supports (or,pierre etc...) voire des évangiles complets de tout petit format et les « Rouleaux * magiques « éthiopiens , encore en usage , sont tous à connotation religieuse .
Aprés son décès , on a trouvé une amulette cousue dans l’habit de Pascal :rédigée par lui-même en double exemplaire sur du parchemin * et du papier elle comportait un texte assez obscur à connotation religieuse et était datée du 23 novembre 1654 “ de dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demie “ ...d’abord appellée “ Mémorial ” , son texte fut ensuite inclu aux “ Pensées “ .
De nombreuses hypothèses ont été émises la concernant :Révélation ? Vision ? Hallucination ? , Extase ?...certains ont fait un parallèle avec les révélations reçues par le père de Foucault et Paul Claudel ….
Dans une conférence faite le 8 Mars 1908 , Maurice Barrès ,reprenant les idées du livre de M.Nourrisson (1885) et des conférences en Sorbonne d’ Émile Saisset , a développé la thèse selon laquelle Pascal attachait une grande importance à ce texte parce qu’il était une sorte d’aide-mémoire destiné à l’aider à garder présente à l’esprit une vision divine qu’il aurait eue le 23 Novembre 1654 importance confortée par le fait qu’il la faisait recoudre dans la doublure de ses nouveaux habits lorsqu’il en changeait
Leur usage fut si répandu que certaines thèses de médecine du XVI° siècle le prirent pour sujet et on a la trace d’une thèse intitulée “ Les amulettes sont ils efficaces dans la cure des maladies “ contre laquelle s’éleva ( vainement semble-t-il ...) le doyen de la faculté Gui Patin .
Ces amulettes étaient aussi appellées : “ Periaptum “ ( Chose suspendue ...)à visée plutôt médicale , “ Pyctacium “ ( “Plié “...par allusion aux parchemins pliés que contenaient nombre d’amulettes ) ,”Pentacules “ (allusion au “pentacle *” magique ...) , “ Tarsh * “, « Ithyphalle * «, »Sachet d’ Arnoult « etc …. et pouvaient prendre diverses formes telles que médaille,linge noué,rouleau, sachets contenant divers objets ou reliques,évocation hallique etc...
Les “Tessères * “ étaient d’un usage voisin....
Les amulettes ,selon les pays , portent des noms très divers : “ Saphi * “, »Pangantoho* « , »Diemats * « »Hajib « , « Herz » etc …
Dans l’Égypte ancienne les amulettes avaient aussi pour but de protéger les morts en leur permettant de franchir sans encombres les diverses étapes donnant accés à la vie éternelle.
² Elles étaient constituées de papyrus placés dans des étuis thériomorphes * représentant souvent un scarabé ou , plus classiquement, le “ Ankh * “ .
Dans l’ancienne Grèce et à Rome de nombreuses amulettes revêtaient des formes phalliques.
Certaines coutumes religieuses populaires en sont voisine et l’on peut citer comme exemple la coutume du “Pantin de carême “ qui consistait,en Roussillon , à réaliser un pantin de carton représentant une vieille femme dont on amputait une des sept jambes à la fin de chaque semaine et dont on faisait brûler le reste à Pâques ...(à rapprocher du “ Carré * “ magique ayant le même usage ...)
Tant que l’arsenal de la justice comporta le recours possible au supplice et à la question* il se vendit sous le manteau des amulettes censées donner des recettes pour l’éviter ou la subir sans souffrances….
De nombreux ouvrages en traitèrent comme ,pour n’en citer qu’un , « Exercitatio de amuletis sænéis figuris illustrate « de Julius Reichelt (1676)qui recense un bon nombre de figures, pangrammes,monogrammes et dessins à vertus supposées magiques .
Les amulettes établies pour contrer les sorts et les maléfices sont des « Contre *-Sorts «
Le mot ou son équivalent existe dans toutes les langues : « Lucky charms ,Rabbit’s foot,Four-leafed clover, African amulet ,Fetish, etc …. »
A noter que dans le langage érotique “ Amulette “ est l’un des quelques 800 vocables servant à désigner le sexe de l’homme ...