ÉTRENNES
1)Titre de certains livres qui vient sans doute du fait qu’ils furent,à l’origine , dédiés à un personnage en guise d’étrennes au sens de cadeau de nouvel-an ; mais le sens du terme paraît s’être élargi pour désigner la mise à disposition du lecteur des connaissances de l’auteur : « Étrennes d’un médecin « par exemple (1775)
Les “ Étrennes mignonnes “ étaient des livres du type « Almanach* « ou " Keepsake " de format souvent minuscule qui parurent principalement à Paris de 1724 à1848 et dont le succès suscita diverses imitations parfois réunies sous l’appellation générique d’ « Étrennes parisiennes « et parmi lesquelles on peut citer : »les « Étrennes universelles , intéressantes des quatre parties du monde, nationales ,précieuses,historiques etc …
La mode de ces “ Étrennes “ fut à son apogée au XVIII° siècle et l’on en rencontre des “ chantantes , patriotiques, nationales , libertines, anachréontiques * , galantes,lyriques,sans pareilles , de Polymnie,d’Apollon,érotiques,nationales ,de la jeunesse, royales,spirituelles, dramatiques , spirituelles , “ etc ...etc
Certaines de ces œuvres se caractérisent par leur style ampoulé * et dithyrambique * ...et peuvent aussi être désignées par termes « Parnasse *,Volière*,Solitaire *,Triomphe * ..des dames «
2)La pratique des étrennes en tant que cadeau pour la nouvelle année a parfois existé dans les professions du livre et le “ Journal des typographes “ de Janvier 1896 conseille aux patrons d’imprimeries de faire cadeau de livres techniques à leurs ouvriers et apprentis ...
Ces étrennes sont parfois désignées par le mot “ Épingles * “ (Voir ci-dessous )
3)On a aussi qualifié de “ Cartonnages d’étrennes “ les cartonnages romantiques du milieu du XIX° siècle qui devinrent ensuite les “ Livres de prix * “
Certains éditeurs , Hetzel notamment se spécialisèrent dans ce secteur en publiant dès Novembre de luxueux catalogues des « Nouveautés « de l’année qui , bénéficiant d’un cadre moins strict et de contraintes financières moindres que pour le « Livre de prix « , manifestèrent d’avantage de fantaisie et dans le choix des sujets et dans la présentationn souvent très illustrée avec une large utilisation de la couleur .
Ces livres furent parfois attribués en guise de prix d’excellence mais leur coût élevé joint à certaines restrictions du corps enseignant qui les considéraient comme des ouvrages « De fantaisie « limita drastiquement ce type d’emploi .
De nos jours si l’appellation à disparu la chose demeure sous la dénomination de « Livre de fête * « et l’on assiste avant les fêtes de fin d’année à la sortie de nombreux livres à la présentation flatteuse prêts à entamer une carrière de « Livre de Table à café «
4)La période des fêtes de fin d’année a très tôt suscité la parution d’ouvrages à la présentation flatteuse destinés à être offerts et les diverses maisons d’éditions ont publié des « Catalogues* d’étrennes « qui ,outre leur intérêt intrinsèque ,constituent une excellente documentation concernant l’époque, les goûts, les usages etc …
Leur ancêtre peut être trouvé dans l’ouvrage que l’écrivain de l’antiquité Martial publia et qui intitulé « Apophoreta » ( Étrennes ) recensait des objets à offrir en guise de cadeaux de fin d’année avec leur description en vers non dénuée d’humour ; les livres n’étaient pas absents de ces suggestions de cadeaux et principalement sous forme de « Codex * « de petite taille ,»Pugillares* membranei «, dont il vantait la commodité : « Virgile en parchemin ! Un petit parchemin recueillant l’immense Virgile ! «
ÉPINGLE
1)Petite tige de métal terminée en pointe servant parfois à relier des documents...et y causant souvent des dommages graves par les traces de rouille et les piqûres qu’elle y laisse (Quand elle ne cause pas des dommages aux doigts du lecteur...et des taches de sang sur les documents ainsi reliés …. !)
L’épingle ,qui existe depuis des temps immémoriaux,aurait ,sous sa forme actuelle, été inventée vers 1540 à Alençon qui employait à cette époque plus de 6000 ouvriers « Épingliers « à la fabrication d’épingles en laiton .
Les ouvriers œuvrant dans cette industrie y exerçaient des spécialités telles que « Tireur « qu’il est hors de propos de détailler ici de même que le langage propre à cette activité dont certains mots, « Torque « par exemple, peuvent cependant se retrouver avec un sens différent dans la sphère du livre…
La présentation actuelle en boîte a été précédée par un conditionnement dans des emballages similaires à ceux i des aiguilles en papier décoré,et souvent traité pour prévenir la corrosion ,
Avant qu’elle ne soit avantageusement supplantée par l’agrafe* pour les usages liés au papier .on pouvait rencontrer dans les bureaux des épingles ordinaires mais aussi des épingles spéciales à tête plate triangulaire , ondulées pour empêcher leur glissement , colorée , portant des symboles et il existait des distributeurs automatiques les présentant une par une .
Les fabricants d’épingles sont des « Épingliers* « et la phobie des épingles, mais oui … elle existe !... se nomme « Bélouéphobie «
On peut rencontrer le régionalisme normand : « Épingue «
2)Les épingles ayant constitué , à l’époque de la renaissance, un cadeau de choix le mot conserva le sens de “Présent “ ou d’ “ étrennes “ durant très longtemps car il était de coutume d’offrir des épingles à l’épouse des personnes avec qui on était en affaire : c’est ainsi qu’un contrat d’apprentissage genevois daté de 1693 mentionne le versement par l’apprenti de « la somme de neuf cent florins pour le dit apprentissage et deux pistolles d’Espagne pour les espingles .. »
On trouve trace de cet usage dans certains comptes de papetiers ou d’imprimeurs qui mentionnent un rubrique “ épingles “ se rapportant à la coutume voulant que le “ patron” offre des étrennes * à ses employés pour le nouvel an .
Cette coutume apparaît un peu paradoxale lorsque l’on connaît les nombreuses superstitions négatives attachées aux épingles qui , cependant en comportent presqu’autant de positives, notamment celles liées aux présages d’heureux mariage constitués par la possession de 14 épingles distribuées par 14 mariées différentes lors de leur « décourronement « …
On peut rencontrer les synonymes : « Aiguilles* « et , argotiques d’origine lyonnaise : « Espinchos « ou « Espinchaux «
Dans le langage des salons répertorié en 1630 par le “ Dictionnaire des précieuses ou clé de la langue des ruelles “ d’Antoine Baudeau de Somaize les épingles étaient nommées « Sangsues « …
Certaine grosses épingles destinées à relierde fortes épaisseurs furent nommées « Housseau * «
3)Alexandre Alexeïeff ,reprenant vers 1935 le principe du “ Physionotype * “ de Sauvage ,utilisa un procédé d’illustration constitué par un tableau perforé d’une multitude de trous au travers desquels passaient des épingles dont le dépassement variable produisait un motif en relief qui , convenablement éclairé et photographié a parfois servi à illustrer des livres comme , par exemple , “Le docteur Jivago “ paru en 1959.
Ce procédé ne laisse pas de “ gravure originale “ puisque le tableau est “ effacé ” dés réalisation de l’illustration ...ce sont donc les tirages de tête * qui en tiennent lieu .
Peu utilisé pour l’illustration ,il a subsisté sous forme d’objet de curiosité et de décoration permettant de réaliser une infinité de figures différentes .
4)L’épingle a parfois servi d’instrument d’écriture et l’on raconte à ce propos que Pascal inscrivait des notes sur ses ongles * à l’aide d’épingles lors de ses promenades.
5)L’épingle à linge a souvent servi à accrocher sur des cordes des feuilles imprimées ou non pour leur séchage , et , dans certains pays d'Amérique du sud des chansons et des poèmes sont imprimés sur des feuilles dites " Feuilles de cordel "car présentés pour leur vente accrochés sur des cordes à l'aide d'épingles à linge ...
On peut rencontrer son ancienne appellation : « Jouette «
6)Dans le jargon des milieux financiers le mot désignait, vers 1950 , une liasse de dix billets de mille francs de l’époque , sans doute en raison du fait que ces liasses étaient assemblées par une épingle.
7)En matière de presse le mot a servi à désigner une rubrique rassemblant des propos satiriques et souvent fielleux « épinglant « haineusement des célébrités
8)Il semble que les épingles à cheveux aient parfois servi de coupe-papier , notamment pour « ouvrir * » les livres non-coupés…un article ancien du « Library Journal « newyorkais consacré à « Ce qu’il ne faut pas faire avec les livres « mentionne cette pratique …et la proscrit !