CANON
Au départ ,le canon était une référence de mesure analogue à notre mètre étalon puis , peu à peu , le sens s’est élargi pour désigner des œuvres tendant à édicter des règles , l’une des premières étant le « Canon « de Polyclète (vers 460 Ajc.) définissant les proportions physiques idéales du corps humain qui ne nous est connu que par des allusions figurant dans les œuvres de Plutarque et de Philon de Byzance et par son illustration dans la statue du « Doryphore « découverte à Pompéi
1)Sorte de signet* collé dans la marge* d’un livre et la dépassant pour constituer un repère;son usage est analogue à l’onglet.
2)En matière ecclésiastique:
-Recueil de règles constituant le « Droit canonique «
-Catalogue des saints reconnus par l’église (l’acte de radier un saint de cette liste de nomme “ Décanoniser * “ )
-Les “ Canons d’autel “ aussi nommés “ Secrètes “ ou “ Tables des secrètes “ ont été supprimés par le concile Vatican II.
C’était un ensemble de trois tableaux souvent enluminés ,posés sur l’autel ,à gauche l’évangile de saint Jean , au milieu le Gloria, le Crédo, et les prières de la consécration , à droite le « lavabo « l’un au milieu , le “ Lavobo * “ à droite et le “ Dernier évangile “
-Le « Canon de la messe « contenant les prières invariables était souvent inclus dans les missels sous un forme particulièrement soignée et il n’était pas rare que , dans un missel imprimé sur papier, soit inclus un canon enluminé sur vélin* , ce qui explique que ces canons aient été souvent séparés des ouvrages qui les contenaient et conservés après la destruction de ceux-cis ….
Pour les enlumineurs amateurs , Il en existe des reproductions sous forme d’ esquisses au dessin préimprimé qu’il suffit de peindre ...
-Liste des 27 livres de la bible* reconnus comme authentiques.( “ Canon des livres saints “ )
-La “Table des canons “ (« Canones evangiliorum « ) est une table de concordance des versets des quatre évangiles établie vers 330 par Eusèbe de Césarée qui fut par ailleurs l’un des premiers à comprendre tout le parti que l’on pouvait tirer de la présentation des livres sous forme de “ Codex * “ plutôt que sous forme de “ Volumens * “ .
Cette table dite aussi “ Canon d’ Eusèbe “ fut souvent présentée dans les manuscrits en 12 à 16 pages et dans un décor en forme d’arcades.
-Sorte de pancarte placée dans un point remarquable d’un édifice religieux pour le signaler aux fidèles .
-« Canon de concordance « :Dans l’antiquité les concordances réunissaient en un seul ouvrage les quatre évangiles puis l’appellation « Canon de concordance « souvent abrégée en « Concordance « seul , désigna un dictionnaire recensant tous les mots contenus dans la bible et donnant les références du passage ou ils figurent : « Concordanciæ bibliorum » de Hugues de Saint-Cher (XIII° siècle ) par exemple
-Le « Canon pascal « est une table établie par Eusèbe de Césarée lors du concile de Nicée pour permettre le calcul des dates des fêtes religieuses mobiles .
Et , aussi les canons d’ Hyppolyte, des apôtres ,Pénitentiels etc …
3)En matière de littérature :
-Par référence à l’appellation qui avait cours à la bibliothèque d’ Alexandrie pour désigner les œuvres classiques on nomme “ canon “ le catalogue des auteurs considérés comme des modèles dans leur discipline et leur entrée dans cette liste est nommée “ Canonisation “
-Liste des œuvres d’un auteur dont l’authenticité est certaine: on parle ainsi du “ Canon shakespearien “ pour désigner les textes reconnus formellement par opposition aux nombreux autres comportant une incertitude.
-Texte considéré comme modèle d’un genre particulier et , dans ce sens , le mot est synonyme d’ »exemplar * «
Le « canon royal de Turin « est , par exemple , un papyrus* de la collection Drovetti contenant une chronologie des pharaons qui fait autorité .
4) Règle utilisée pour régler* le papier
5)En typographie,famille de dimensions de caractères de 28 à 88 points* surtout employés pour les affiches
6) Petit canon: voir petit*
8)Ensemble de règles suivies pour la réalisation d’une œuvre ou étant en usage dans une profession ou un secteur géographique particuliers : c’est ainsi que l’on parle , par exemple ,du “ Canon de Fontainebleau “ concernant le style des illustrations (figures longues, draperies collantes ...)apparaissant dans les livres vers 1550 .
Le mot est aussi parfois employé comme synonyme de « style « pour qualifier la manière d’un illustrateur : le catalogue de la vente des livres de Denise Weil-Scheller (1989)prête à l’enlumineur Agostino Decio un style « au canon étiré «…on pourrait dire la même chose pour Modigliani ou Giacometti …
9)Le “canon de division” est utilisé pour répartir harmonieusement le texte,les blancs* et les illustrations d’un livre.
Comme l’ont démontré les travaux de Jean Tschichold , Raùl Rasarivo ou Van de Graaf les manuscrits médiévaux ont manifestement été mis en page en utilisant un canon analogue à celui que Villard de Honnecourt inventa au XIII° siècle qui fut également utilsé par les premiers imprimeurs .
Vinrent ensuite des règles mathématiques telles que le « Nombre d’or * « , la « Suite de Fibonacci «
10)Le mot désigne aussi un tableau ou une abaque résumant des données sous une forme synthétique : le “ Canon logarithmique “ de Hoëné Wronski (vers 1840) en est un exemple.
11)Dans l’ancien empire turc le « Canon-Amé « était un registre ou étaient inscrits les revenus du trésor public .
12)Sous l’ancien régime le « Canon impérial « était un registre recensant les redevances …cette appellation a longtempssurvécu en Alsace …
13) En matière musicale , outre son sens classique désigant une méthode d’éxécution d’un chant , il existe un « Canon énigmatique « qui consiste en l’écriture d’un morceau de musique réputé indéchiffrable* et qui est une sorte de rébus * musical ne pouvant être lu que si on en possède ou découvre la clé .
Certains de ces canons particulièrement complexes ont été baptisés d’un nom propre :le canon de Werkmefter par exemple ,qui comporte 96 voix et 24 chœurs ,est nommé « Nœud de Salomon « ou « Labyrinthe «
14)William Stirling développe dans « The canon « (1897) l’idée qu’il aurait existé dans l’ancienne Égypte un « canon » transmis oralement à des initiés et réglementant l’expression littéraire et artistique , canon qui aurait survécu à la chute de la civilisation égyptienne ….