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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 09:21

TIROIR                                                       

                       1)Au XIV° siècle :lien qui reliait les fermoirs d’une reliure et permettaient de la clore

                       2)Casier coulissant d’un meuble à écrire qui en compte en général de nombreux ;

              Les “ Tiroirs à l’anglaise “ ont une face moins importante que leurs côtés . 

                       3)Livre  de tiroir: Livre resté à l’état de manuscrit non publié et qui dort dans un tiroir...il y en a des millions et ,sans doute,parmi eux,quelques chef-d’œuvres....on les nomme parfois de façon plus recherchée : “ Avant *  - livre  “..”Prélivre *”...”Préroman  * “...ou plus plaisamment «  Purgatiroir *« comme le propose Jean-Loup Chiflet ,dans son ouvrage «  Oxymore mon amour «….

 

                       Lorsque leur publication a été annoncée mais n’a pas été effective et est restée " livre de tiroir " on parle parfois d’ “ Hapax  *  “ ou très rarement de «  Ptyx * «    pour les désigner .

                       Il peut arriver qu’ils sortent un jour de l’oubli comme les “ Historiettes  “ de Tallement des Réaux dont le manuscrit dormit plus d’un siècle et demi dans un tiroir avant d’être enfin publié ..., »Hombres «  de Verlaine qui stagna dans les archives de Vanier pendant quinze ans avant de connaître une édition « sous le manteau * »  , «  Paris au XX° siècle » de Jules Verne oublié dans un coffre pendant un siècle ou « Une saison en enfer «  de Rimbaud  dont 425 exemplaires furent oubliés dans une cave de 1873 à 1901 puis oubliés à nouveau et redécouvert des années plus tard ….

                       Certains généralisent l’expression en désignant ainsi un livre non encore écrit mais dont la trame est présente dans l’esprit d’un écrivain potentiel....on peut considérer que tous les écrivains ont ainsi en tête une multitude de romans à écrire ..

              La chose a parfois été mise en scène  comme , par exemple lorsque le héros mourant des «  Neiges du Kilimandjaro «  d’Ernest Hémingway se remémore les projets *de toutes les histoires qu’il aurait pu écrire …

                       Les raisons qui conduisent une œuvre à rester ignorée sont multiples : insuccès auprès des éditeurs , inachèvement , timidité de l’auteur mais aussi , parfois , volonté de celui-ci de cantonner son œuvre à un cercle restreint .....

                       C’est à cette dernière catégorie qu’appartiennent Francesco Guicciardini qui , au début du XVI° siècle écrivit des “ Souvenirs “ constamment perfectionnés et destinés à un “usage familial “ ,Giuseppe Parini qui ne pratiqua que la reproduction manuscrite de ses œuvres , Emily Dickinson  et bien d’autres dont on peut se demander si leur vraie motivation n’était pas la crainte de voir leur ouvrage devenu  “ Ne Variatur  *  “  se figer définitivement dans une œuvre  typographiée.....

                        C’est sans doute à cette catégorie  qu’il faut rattacher l’œuvre de Pierre Louÿs «  Psyché » qu’il semblait avoir achevée  mais qui ne fut publiée qu’à titre posthume et amputée  des deux derniers chapitres supprimés par leur auteur qui tout au long de sa vie  repoussa constamment la publication de cette œuvre …mais , certains commentateurs donnent  plus prosaïquement  pour cause le fait que ,par nécessité , l’auteur aurait  vendu le droit de l’imprimer à plusieurs éditeurs …..

 

                       Gustave Flaubert semble ne pas avoir totalement échappé à cette tentation lorsqu’il écrit en Avril 1846 à Maxime du Camp : « Je doute bien souvent si jamais je ferai imprimer une ligne ….un artiste qui serait vraiment  artiste et pour lui seul ,sans préoccupation de rien ,cela serait beau ; il jouirait peut-être démesurément ! »  »…pensée qu’il nuance  cependant aussitôt  en écrivant : « Sais-tu que ce serait une belle idée que celle du gaillard qui , jusqu’à cinquante ans ,n’aurait rien publié et qui , d’un seul  coup , ferait paraître, un beau jour, ses œuvres complètes et s’en tiendrait là ? «

 

              On peut regretter que tant d’œuvres restent ainsi ignorées et dire comme José Corti : «  Je pense avec mélancolie qu’il est des chefs-d’œuvre perdus, que d’autres le seront encore.[….] je pense  à ces manuscrits destinés pour les vers ou la hotte du chiffonnier…. »

 

              Le «  Livre de tiroir «  a parfois été évoqué dans des œuvres de fiction comme , par exemple par Henry James lorsqu’il écrit en 1898 dans «  Le tour d’écrou «  : «  L’histoire est dans un tiroir fermé à clé. Elle n’en est pas sortie depuis des années . »

              Et pour clore cet alinéa  notez que vous  êtes en train de lire un extrait d’un  livre que l’Abacomancie *,l’Anagrammatomancie *,la Bibliomancie *,la Chéliniomancie *,la Cléidomancie *,l’Aleuromancie * ,la  Grammatomancie  *,la Rhapsodomancie  *,les “Sorts * virgiliens “,le Djabé *,l’Encromancie  *,l’Extispicine  *,laGraphologie *,la Graphomancie *,l’Arithmomancie *, l’Onomancie *,la Papyromancie *,le Sikidy *,la Stichiomancie *,le Yi-king *,et une foule d’autres procédés de divination  ont désigné comme devant rester un «  Livre de tiroir « !!!

 

              Mais , n’oublions pas la poèsie !

                        « Tu m’as quitté comme une phrase inachevée

                        Un objet par  hasard, une chose, une chaise

                        Une villégiature à la fin de l’été

                        Une carte postale dans un tiroir « 

                        (Louis Aragon in «  les Rendez-vous «  )

 

                                  

  

                       .4)Le système dit «  des tiroirs «  est un procédé littéraire qui a été utilisé dans de nombreuses œuvres et qui consiste à greffer sur la trame principale du roman de nombreux autres récits  éventuellement racontés par un autre narrateur ...ce fut la règle dominante pendant plus de deux siècles  et la bibliographie concernant ce genre est pléthorique :  L’astrée,La princesse de clèves , La nouvelle Héloïse,Manon Lescaut etc ...etc ...

 

                        

              5)Un roman «  À tiroirs « est une œuvre aux multiples rebondissements dans laquelle chaque personnage vient tour à tour occuper le devant de la scène dans une trame ou plusieurs récits s’imbriquent pour finir par s’amalgamer à la fin de façon plus ou moins claire

              Le qualificatif n’est pas vraiment flatteur ....

 

 

 

                       6)Fond(s)* de tiroir:L’expression est à double sens mais désigne le plus souvent   une publication de mauvaise qualité ou texte médiocre d’abord écartés puis que l’on finit par  éditer pour faire face à une pénurie ,à une urgence ou par manque de volonté de s’investir dans la recherche  d’un texte de qualité .

              Les «  Mélanges * offerts à ….» rédigés  par ses collègues pour une personnalité des lettres contiennent parfois quelques «  Fonds* de tiroir « …..

 

 

                       Le mot a , bien sûr , servi d’arme dans les propos aigres-doux échangés entre écrivains  comme, par exemple , lorsque, parlant de Gabriel Matzneff, Matthieu Galey écrit en 1977 dans son «  journal « : «  Soldé , il va passer directement du fond de tiroir chez l’antiquaire «    

                       7)Tirage en tiroir:Tirage sur un journal d’un article intercalé dans une série de plusieurs autres et,un peu ,synonyme d’entrefilet*

                        8)Les fers de dorure “ En poignée  * de tiroir sont des fers * du XVII° siècle présentant cette forme .

                       9)Certaines cotes de la bibliothèque nationale établies vers 1750 et  concernant des ouvrages licencieux portent parfois la mention “ Tiroir “  ou “Cabinet  * “ sans doute en référence à l’endroit ou on avait exilés les livres concernés.

                       10)L’expression «  Tiroir renversé «  est parfois appliquée à certains ouvrages au contenu brouillon et mêlant sans ordre ni méthode des choses n’ayant aucun lien entr’elles .

                       11)Le mot a parfois désigné ,notamment à l’école navale ,une manifestation de protestation des élèves contre un professeur consistant à agiter bruyamment le tiroir de leur pupitre avec les genoux

                       12)Le mot est parfois rencontré au sens figuré comme , par exemple , lorsque Flaubert écrit,le 2 Janvier 1854, dans une lettre à Louise Colet  : «  …j’ai des tiroirs,je suis plein de compartiments comme une bonne malle de voyage … »  

 

                        13)La «  Charade à tiroir « est une charade *    dont chaque membre est un calembour *

                         13) Et parfois c’est le livre lui-même qui est comparé à un tiroir comme lorsque Léon Paul Fargue écrit : «  Les livres sont des tiroirs secrets  et pourtant visibles et sans serrure, ou les hommes déposent parfois le meilleur d’eux-mêmes . »

 

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