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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 08:37

LE LIVRE SCOLAIRE ....

                   1)Catégorie de livres destinée à l’enseignement ,souvent nommés «  Livres de classe «ou «  Manuels scolaires «   ,ils sont très nombreux et constituent un thème de collection à part entière.

                   On peut considérer que leur ancêtre est  l’Exemplar* du moyen-âge.

                   Les premiers véritables livres scolaires furent  les “Lettres de Gasparin de Pergame” ( milieu du XV° siécle) ,le “ Traité d’éducation et de nourriture des enfants  “ de Plutarque ( 1509)et le “Roti* cochon” (1676)., certaines de ces éditions étant établies  avec un large interlignage destiné à permettre une prise de notes* manuscrites .

                   Mais dans de nombreux pays d’Europe  les livres religieux en tinrent lieu comme , par  exemple en Suisse ou la «  Suite progressive  «  était constituée par : abécédaire * , catéchisme * ,psautier*,recueil de psaumes * bible*…

 

                   Aux époques ou ces livres vinrent à manquer , chaque élève devait amener un livre  et le «  Régent* «  se trouvait face à une classe munie d’autant de livres différents que d’élèves et contraint à un enseignement individuel   laissant la totalité de la classe moins un  livrée à elle-même et c’est pour pallier à cet inconvénient que certains pays  choisirent le pis-aller consistant à utiliser l’almanach* , livre universellement répandu , comme livre scolaire ….

                   Après quelques précoces  initiatives privées  comme , par exemple , “ Avis d’une mère à son fils et à sa fille  “ par Anne Thérèse Lambert ( 1728),la convention lança en 1794,un concours pour l’élaboration d’un manuel scolaire puis   un projet de manuel “Officiel” fut élaboré sans grand succès  par le  directoire laissant le champ libre aux auteurs privés ,souvent féminins, comme Albertine Adrienne Necker qui rédigea de 1828 à 1832 un très complet manuel en trois volumes intitulé “ L’éducation progressive ou Étude sur le cours de la vie  “.

                    Le livre scolaire passa ensuite sous le  contrôle de divers organismes chargés de vérifier son contenu et ce n’est qu’à partir de 1830 qu’il fut véritablement diffusé  (avec obligation d’autorisation préalable à partir de 1833).pour finir par être choisi par les enseignants  qui recevaient  de très nombreux spécimens expédiés par les éditeurs...(certains d’entr’eux s’étant spécialisés dans le genre...)

                   Ces premiers livres scolaires étaient plutôt austères,non illustrés et répondaient à des critères pédagogiques très formels et ce n’est  qu’avec les réformes de Jules Ferry et  l’arrivée de «  Francinet «  en 1868 et des romans * scolaires dont le  célébrissime «  Tour * de France par deux enfants «(1877) (Voir à ce mot ) est l’archétype  qu’ils devinrent plus attractifs .

                   Les manuels scolaires sont obligatoires depuis 1880  et , déjà à cette époque , des plaintes s’élevaient concernant la grande disparité des ouvrages proposés par les éditeurs et le “Dictionnaire de l’administration des lycées  “ de Cantemerle daté de 1887 exprime nettement à ce propos le souhait de voir  s’instaurer une certaine uniformité.

                   Le nombre de manuels ayant été  édités est énorme: de 1900 à 1950:2800 livres de Français ,1300 manuels d’histoire,900 de géographie etc...le chiffre total peut être estimé depuis 1800 à plusieurs milliards d’exemplaires et à 60 millions par an de nos jours .

                   Cependant, malgré ces énormes tirages , les livres scolaires anciens ayant été considérés comme des objets d’usage ont tendance à se raréfier et certains collectionneurs commencent à s’y intéresser .

                   Leur survie a cependant été largement assurée par le fait qu’ils furent durant très longtemps considérés par leurs utilisateurs avec un respect teinté de vénération :Pierre Jakez Hélias s’en fait l’écho lorsqu’il écrit avoir vu son grand-père « Manier mes livres de classe comme un prêtre les évangiles «  …

                   De nos jours ,le manuel scolaire représente  environ 20% de l’édition Française soit environ 70 millions d’exemplaires répartis en quelques 2000 titres,quelques centaines de nouvelles  éditions et des milliers de rééditions   publiés par une trentaine éditeurs dont une dizaine assurent à eux seuls  les trois quarts de la production .

                   Certains sont devenus des best-sellers  :

                   -“Tour * de France par deux enfants” de G Bruno qui, paru à la fin du siècle dernier, eût de nombreuses rééditions

                   -“La première année de grammaire” de Larive et Fleury qui  en 231 éditions de 1871 à 1920 a été vendu à  26 millions d’exemplaires....

                   -Le manuel de grammaire “Bled” qui a été édité à 18 millions d’exemplaires de 1946 à 1982. etc...etc...

                   Quelques autres , souvent écrits en  duo  , sont inscrits de façon indélébile dans les souvenirs  et l’inconscient collectif de millions d’anciens élèves pour qui les noms de « Lagarde & Michard «, »Alba & Demangeon « , «  Malet & Isaac « , « Maillard et Millet «  , »Bodevin & Isler «  ou  «  Carpentier & Phialip «  constituent de très efficaces  sinon délicieuses  «  Madeleines de Proust « :  

                   Signalons tout spécialement le  “ Lagarde et Michard  “ qui depuis son apparition en 1946 a été constamment réédité et fait même l’objet d’éditions bibliophiliques extra-scolaires …et , aussi de plagiats et de contrefaçons …

                   Le  livre  scolaire  peut revêtir de multiples formes telles que:  syllabaire*, abécé* ,abécédaire* ,abrégé* ,classique* ,élémentaire*  ,florilège*,manuel*,recueil*, chrestomathie *etc..... 

                   L’ évolution des livres scolaires a suivi de très près les progrès de l’imprimerie et de l’illustration:non illustrés au début,ils furent ornés de gravures sur bois puis de chromolithographies* et de photographies pour aboutir aux manuels très illustrés actuels.

                   Il existe des livres qui gravitent en marge des livres scolaires (parfois appelés “ Parascolaires* “ ) :livres de prix*,annales*,mémentos*,livres du maître*, cahiers de vacances*,...et même des livres très spécialisés comme ce “Manuel d’anti-alcoolisme” autrefois  utilisé dans les classes du certificat d’études. .                 

                   La conception,quand au fond, des livres scolaires a donné  (et donne encore...) lieu à de fréquentes  polémiques,  les opinions concernant leur contenu étant variées et fonction de la sensibilité de leurs concepteurs....certains manuels ont parfois même soulevé de vives critiques car jugés très orientés , ne respectant pas la neutralité de l’enseignement., la réalité historique ou n’accordant qu’une place insuffisante aux femmes .

 

                   Le choix  par les enseignants de tel ou tel manuel a lui aussi suscité recommandations , débats et controverses  et demeure un sujet sensible que les directives officielles n’ont pas manqué d’aborder en détail .

                     C’est ainsi que le «  Vade-mecum du directeur d’école » de 1965 donne de multiples conseils concernant ce choix :contenu ,coût,uniformisation entre les diverses  écoles d’un même lieu ,fréquence de renouvellement ,préavis de changements,forme matérielle etc ..etc …    

                   La forme n’a pas suscité moins de débats et nombreux sont les travaux traitant de la typographie à adopter (lisibilité *),du choix du papier (solidité* ,hygiène*,poids* ),de la reliure,de l’illustration etc..

                   .On peut toutefois  considérer que le livre scolaire a toujours été l’objet  de la sollicitude et de l’attention d’éminents spécialistes qui se sont attachés à le faire bénéficier des techniques les plus modernes....que leurs conceptions divergent parfois et provoquent quelques querelles de chapelle n’est qu’anecdotique et ,jusqu’ici,n’a pas menacé la survie du livre scolaire (pas plus que l’action de ceux qui veulent tout simplement le supprimer ! )        

                        Un autre sujet de controverse concerne son coût et la question de savoir si celui-ci doit ou non être laissé à la charge des familles .

                   Si le deuxième volet de la question appelle une réponse politique ,on peut ,pour le premier, remarquer que la réalisation du livre scolaire est coûteuse : reliure de qualité,beau papier,composition* souvent complexe,abondante iconographie* concourent à renchérir son coût de fabrication .

                   Toutefois,une étude comparative  a montré que ,à nombre de pages égal, le prix* de vente du livre scolaire se situait entre celui du livre de poche* classique et du livre de poche “art” très illustré.

                   Une autre étude menée par la “Bibliographie Française”à la fin des années 60 ,prenant pour exemple le très classique dictionnaire latin-Français de  Gaffiot, a montré que cet ouvrage était vendu très en dessous du prix qu’il aurait du atteindre et ceci quel que soit le critère de comparaison envisagé ( nombre de signes,nombre de pages ,poids,etc..)

                   Une étude déjà ancienne montre qui’à lépoque ou il était vendu  l’époque ,26 francs  son prix calculé par comparaison à celui des autres  livres aurait du être situé entre 114 et 657 francs selon le critère de comparaison choisi !!

                   Les raisons de cet état de fait sont multiples : forts tirages ,droits d’auteurs deux fois moins élevés que dans l’édition classique,invendus très faibles etc...)

                   Quel sera l’avenir du livre scolaire face aux moyens audio-visuels modernes...?

                   Nous pensons qu’il survivra  et s’y adaptera en les complétant car ,s’il est des domaines ou il est supplanté (son,interactivité,recherche multiple ,hypertexte* etc...) il en est d’autres  ou il demeure très compétitif : pas d’énergie nécessaire,pas de pannes,coût moins élevé,faible encombrement ,facilité d’utilisation en tous lieux etc....( sans oublier le plaisir ,dont nous voulons croire qu’il survivra,de manipuler un beau livre ....)

                   Cet avenir sera cependant tributaire  de la mise à disposition des élèves de manuels à jour et conformes aux programmes , hors , la succession  des réformes d’une part et le transfert  de la charge de leur gestion aux établissements a conduit à retarder considérablement la mise en service de nouveaux manuels en laissant  en service des manuels obsolètes risquant de lasser les élèves ….

                        On ne peut pas conclure cet article sans remarquer que, de façon constante au cours du temps , les femmes ont été négligées dans les manuels scolaires en n’y apparaissant que de façon limitée , sous la seule identité de quelques «  phares «  incontournables dont les citations ne représentent qu’environ 10%  de l’ensemble des textes cités , ou sans nuances selon les modèles manichéens de la «  Mère «  , de la «  Sainte »,de la «  Fée du logis «  ou à l’inverse de la « Séductrice », de la «  Corruptrice « ,de l »Éminence grise » ou de la «  Manipulatrice «    , ces divers aspects ressortant  du choix des personnes citées , des commentaires et des illustrations …

                   Les  initiatives anciennes telles celles de Mme. De Maintenon et de Fénelon au XVII° siècle étaient  très imprégnées de la doxa de leur époque, visaient une élite ,  et étaient  insuffisantes pour affaiblir l’influence des détracteurs de l’éducation des filles qui  déniaent à celles de condition  modeste le droit à l’instruction …et quand  Agrippa d’ Aubigné  (« …les femmes doctes de notre siècle .. » ) ou  Molière (« Les femmes savantes «  ) prenaient la plume sur le sujet , ils étaient approuvés  par une majorité de lecteurs ou de spectateurs ….

 

                   On note cependant depuis les années 70 /80 une tentative de  normalisation de la présentation des manuels mais  tant que la société civile présentera les disparités qu’on lui  connaît il sera sans doute difficile d’atteindre un véritable équilibre qui , tout en redonnant aux femmes la place  qu’elles méritent  ,saura éviter l’écueil  des  tentations « Revanchardes«  qui se font parfois jour ….

 

                   2)Les bibliothèques * scolaires  sont des bibliothèques crées à l’intérieur d’un établissement d’enseignement pour y développer le goût de la lecture.

                   Le “ Code Soleil  “ , bible des instituteurs , les nomme “ Bibliothèques Postscolaires  “, appellation plus juste puisque les livres qu’elles contiennent ne sont pas directement utilisés  pour l’enseignement .

                   Si ,en 1804 ,le conseiller à l’éducation publique Fourcroy fixait à 1500 le nombre d’ouvrages qu’elles devaient détenir  il faut reconnaître que ,par la suite, les bibliothèques scolaires furent de taille très inégale et,les crédits les concernant étant squelettiques ou inexistants , souvent   totalement dépendantes des bonnes volontés  le rôle des cadres enseignants se réduisant à faire une sélection parmi les dons en en éliminant les ouvrages inutiles ou pernicieux . 

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