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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 08:50

PLAGIAT

Action de copier,sans autorisation, les œuvres d’autrui(la 1° apparition du mot date de 1697…)

Le plagiat peut être simple s’il s’agit d’une copie sans modifications (on parle,alors, de pillage*) ou plus élaboré si le texte est remanié ,modifié,voire complété....il n’en reste pas moins que ,quel que soit son degré, tout emprunt à une œuvre se doit d’être signalé et le nom de son auteur cité...

Il existe cependant quelques cas ou une œuvre existante fut tellement remaniée qu’elle en devint une œuvre originale légitimement signée par l’auteur qui l’avait transformée : c’est le cas , par exemple , du “ Dictionnaire historique de Moreri “ (1698) qui ,remanié sans cesse par ses successeurs jusqu’à la fin du XVIII° siècle devint un autre ouvrage dont Voltaire a pu dire que “ ...c’était une ville nouvelle bâtie sur l’ancien plan ...” .

Le plagiat est ancien et l’on peut citer une foule d’auteurs célèbres qui s’y sont livrés et , par exemple:

-Démosthène qui plagia Isée

-Virgile qui plagiat Homère

-Rabelais qui emprunta le personnage de Gargantua (1535) aux “ Grandes et inestimables chroniques du grand et énorme géant Gargantua “ , il est vrai anonymes , parues à Lyon en 1532.

-La Fontaine qui plagia Esope

-Racine ,Pascal,La Bruyère, Fontenelle ,Bayle, Voltaire

-Alexandre Dumas qui plagia Gosselin,Stendhal qui plagia Carpani pour “ La vie de Haydn “ ou l’abbé Lanzi pour son “ Histoire de la peinture en Italie “ .etc...etc...

-Théophraste Renaudot qui plagia le journal de Louis Vendosme et s’attribua illégitimement le titre de premier journaliste .

Il fut constant dans l’enluminure ancienne ou l’on retrouve fréquemment les mêmes décors d’une œuvre à l’autre .

Nombre d’éditeurs anciens publièrent sans scrupules des œuvres constituées d’emprunts à divers ouvrages déjà parus comme , par exemple, « Architecture et arts appliqués «encyclopédie publiée par Crépy en 1774 et qui est constituée d’extraits de l’ »Encyclopédie méthodique « et de « Principes de l’architecture « de Félibien .

Il faut cependant noter que les limites entre imitation , adaptation et traduction ont varié selon les époques et que le plagiat n’a été véritablement perçu comme néfaste qu’à partir du XVIII° siècle et ,durant longtemps, on pensa avec Le Marin et Lamothe Levayer que “Prendre sur ceux de sa nation c’était larcin , mais que prendre sur les étrangers c’était conquête “ , que “Ce qui est volerie chez les modernes devient étude chez les anciens “ et que “ Prendre des anciens est ...pirater au delà de la ligne ...voler ceux de son siècle c’est tirer la laine au coin des rues ...”; opinion partagée par Montaigne lorsqu’il écrit « Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs ,mais elles en font le miel qui après est tout leur « (in « Essais ,I,XXV-1580) par Voltaire qui trouvait qu’ »Il y a de la grâce à bien cueillir les roses » et par Charles Nodier qui estimait qu’ “..il vaut mieux piller les anciens que les modernes et qu’entre ceux-cis il faut épargner ses compatriotes préférablement aux étrangers ...”

L’inspiration des anciens ,souvent inconsciente , fut extrêmement courante comme en témoigne cette citation de La Bruyère (“Caractères”:[1688]”De l’esprit des ouvrages “ ): “ On se nourrit des anciens ...on les presse ,on en tire le plus que l’on peut ,on en renfle ses ouvrages ,:et , quand l’on est auteur et que l’on croit marcher tout seul ,on s’élève contre eux ,on les maltraite,semblables à ces enfants drus et forts d’un bon lait qu’ils ont sucé,qui battent leur nourrice . “

C’est cet état d’esprit qui permit à un certain Richesource d’écrire en 1667 “ Le masque des orateurs ;c’est à dire la manière de déguiser toutes sortes de discours “ et d’établir à Paris un véritable cours de plagiat enseignant la manière de démarquer les bons auteurs que fréquentèrent nombre d’ écrivains devenus célèbres par la suite .

Dans la même veine , de nombreux chroniqueurs ou historiens ont répandu l’idée que l’académicien Esprit Fléchier aurait créé,à Nîmes vers 1675, une “ académie du plagiat “ ....il semble bien n’en être rien car Fléchier s’est contenté de créer à Nîmes une académie locale dont l’organisation, calquée sur celle de l’académie de Paris, a pu faire dire aux esprits chagrins qu’il s’agissait d’ un “Plagiat de l’académie “ ,expression vite transformée en “ Académie du plagiat “ ....

Ce débat se prolongea fort longtemps et Théophile Gautier s’en fait l’écho ,en 1844, dans “ Les Grotesques “ en assimilant les plagiaires à des voleurs de grand chemin ...

Certains auteurs ont eu recours à des formes d’”Inspiration “ qui ,sans être du plagiat en présentent certaines des caractéristiques : c’est le cas de Nerval et de Stendhal qui recherchaient des manuscrits ou des livres rares pour en transposer le récit dans leurs œuvres (Nerval se livra à une véritable enquête policière pour se procurer le livre qu’il transposa dans son oeuvre “Les faux saulniers “)

Une forme particulière de plagiat fut pratiquée par Cendrars qui ,désespérant de convaincre son ami Le Rouge qu’il possédait un vrai talent de poète,publia sous son propre nom des extraits de ses œuvres.

Le plagiat ne se cantonne pas à la littérature et peut concerner tous les domaines : la perspective* ,par exemple avec le révérend père Du Breuil plagiant Desargues ....les encyclopédies avec la publication en 1878 en Amérique de l’ »Encyclopédia Britannica « en même temps qu’elle sortait des presses anglaises .

Certains semblent considérer que la disparition de l’ œuvre copiée exonère le plagiaire de sa faute et , dans cet ordre d’idée , Isaac Disraeli assurait, au XVIII° siècle qu’en détruisant,vers 600, la bibliothèque romaine le pape Grégoire 1° avait protégé saint Augustin de l’accusation de plagiat ( la “ Cité de Dieu “ aurait été un plagiat d’une œuvre de Varron détruite dans l’incendie * mais la responsabilité de Grégoire 1° dans la genèse de celui-ci est contestée ..)

Si le plagiat est aujourd’hui réprimé par la loi , il n’en fut pas toujours ainsi et , durant fort longtemps ,les auteurs plagiés furent sans autre recours que l’ironie ou l’épigramme * comme par exemple Lebrun qui , plagié par le Chevalier de Champcenetz écrivit celle-ci à son encontre :

“Cléon aime les vers ,et même un peu les miens ,

Car il les prend -jamais il ne prendrai les siens ! “

Ou ,plus tard , Poitevin qui s’adressant à Bescherelle écrivit :

“Grammairien d’emprunt et de hasard

Connu, famé pour les œuvres des autres

Vous avez su, vous tenant à l’écart

Mettre vos soins,employer tout votre art

A ne jamais y rien mêler des vôtres “

Voltaire , lui aussi fort plagié , tenta de saturer le marché et d’y noyer les copies sauvages en faisant faire 12000 copies fausses de “La Pucelle “...

Il y a , parfois , des plagiaires saisis par le scrupule comme , par exemple , l’auteur anglais Ireland qui mourut en 1808 du remords d’avoir publié une de ses œuvres sous le nom de Shakespeare .

Certains plagiats ou supposés tels déclenchèrent de véritables querelles * et l’on peut citer en exemple:

-La “ bataille* des dictionnaires “ (Voir à ce mot )qui opposa l’académie à Furetière qu’elle accusait d’avoir plagié son dictionnaire .

-La “ Complainte * de Bauvage “ (Voir à ce mot ) relative au plagiat de son dictionnaire pour la rédaction du “ Dictionnairede Trévoux

-La pièce “Les deux gendres “ de Charles Guillaume Étienne (1810) dont l’auteur fut accusé par Lebrun-Tossa d’avoir plagié “Conaxa “ écrite par un jésuite un siècle plus tôt , accusation qui provoqua la parution de quelques 37 ouvrages entre 1811 et 1812....

Parfois ,le plagiat est imaginaire : Vincent Voiture crut ainsi avoir commis inconsciemment un plagiat lorsqu’il découvrit un ouvrage bien antérieur aux siens comportant ,mot pour mot, un sonnet qu’il avait composé et dont il était très fier ....ses amis le laissèrent se morfondre quelques temps avant de lui révéler qu’il s’agissait d’une supercherie* dont Mme. de Rambouillet était l’inspiratrice .

D’autres manœuvres qui s’y apparentent sont difficiles à classer :L’abbé Desfontaines reprenant en 1724 , pour la rééditer ,une ancienne édition de “ La Henriade “ de Voltaire fort mal imprimée et comportant de nombreux blancs remplit ceux-cis de ses propres vers ....plagiat ?...opportunisme ?

Le plagiat est , dans son esprit ,voisin du vol ....aussi n’est-il pas surprenant de voir que l’un des anciens complices de Vidocq , Coco Latour , n’hésita pas,en 1848 , à plagier presque mot pour mot le livre de son ancien camarade “ Les voleurs “ sous le titre “ 36 manières de voler en 1838 “ ...

La notion de plagiat est variable selon les pays...la Chine , par exemple l’ignore et les citations* n’y sont pas accompagnées de références * .

Le plagiat est toujours d’actualité comme en témoignent de nombreux procès ou l’existence d’avocats spécialisés tels que Me. Pierrat et certains organismes se sont dotés de moyens susceptibles de le détecter : c’est le cas de l’université qui soumet les projets de thèse à l’examen d’un logiciel apte à détecter les emprunts abusifs à d’autres travaux publiés .

On peut rencontrer d’autres expressions pour désigner la plagiat : “Colle* et ciseaux”-”Démarquage*”-”Contrefaçon*”-

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