IMPRESCRIPTIBILITÉ
Caractère de permanence attaché à un document détenu par une bibliothèque et qui empêche son élimination lors des divers “ Désherbages * (voir ci-dessous ...)
DÉSHERBAGE
Mot en usage dans le milieu des bibliothécaires* et des archivistes* (on dit aussi “ Sarcler * “et “ Élaguer * “ au Québec ...) pour désigner l’opération consistant à “éclaircir “ ou à “ écrémer “ une collection devenue pléthorique....on fait une sélection d’ouvrages à conserver tels quels , à restaurer ,à céder ou à éliminer
Le désherbage est rendu nécessaire par l’accumulation inconsidérée d’ouvrages dont un bon nombre ne sortent jamais,sont devenus obsolètes,concernent une actualité périmée , sont en mauvais état ,ne correspondent pas à l’esprit de la bibliothèque etc ...
Cette accumulation peut aussi provenir d’une mauvaise politique d’achat ou de l’acceptation de legs* sans discernement et sans tri.
Il va sans dire qu’il doit être pratiqué par une équipe compétente :bibliothécaires ,libraires en ancien,paléographes *,etc....
Il existe plusieurs méthodes de désherbage exposées dans des guides dont le premier semble être apparu en Amérique en 1940 , l’Europe et la France n’en ayant institués que plus tardivement vers 1975 tant fut prégnante dans nos bibliothèques l’habitude d’augmenter sans cesse leur fonds sans jamais rien en retirer .
Parmi les diverses méthodes de désherbage décrites dans les manuels ou les stages spécialisés , la plus courante est la méthode dite méthode” X X Ioupi “ “ (ce qui ne signifie cependant pas que les bibliothècaires la pratiquent avec enthousiasme .. !.)
Elle consiste à attribuer au livre concerné un code commençant par deux chiffres donnant l’année du dépôt légal et le nombre d’années écoulées sans prêt suivis d’un code de lettres (I O U P I ) indiquant la raison de l’élimination :
“ I “ :Ouvrage incorrect ,” O “ Livre ordinaire ou médiocre ,” U “ Ouvrage usé, détérioré ou laid “ P “ Ouvrage périmé, “ I “ Ouvrage inadéquat vis à vis du fond de la bibliothèquie .
Mais il existe aussi des méthodes « intuitives « consistant à se poser des questions : Ouvrage classique ?...Taux de sortie et date de la dernière ?(Aucun prêt depuis deux ans ..)...Retour en vogue possible ? …État du livre ?..Pertinence ?...Taux d’obsolescene ?...Qualité Littéraire ?..etc
…
Quelques cas de désherbage “sauvage “ ont défrayé la chronique...par exemple celui de Poitiers qui, en 1989, envoya à la décharge publique un important lot d’ouvrages anciens (bonne occasion manquée de promouvoir la “ Rudologie * “ (voir ci -dessous ! ) ou celui de l’université d’Alexandrie qui en 1993 brada 10000 livres à 1$ pièce quelle que soit leur taille et leur ancienneté.
Les archivistes parlent plutôt de “ Purge * “ ou de “ Transfert * “ et certains plus réalistes , parlent de « Cimetière* «
Les anglais pratiquent aussi la chose qu’ils appellent “ Weeding * “ et , aussi une forme d’élimination qui leur est propre appelée “ Deaccession * “(Voir ci-dessous )...La British library a ainsi purgé en 2000 deux kilomètres de rayonnages de livres anciens soit 80000 livres ....
Toutes les grandes bibliothèques abritent des ouvrages qui ne sont jamais ou très rarement demandés ….pour la bibliothèque nationale plus de deux millions d’ouvrages n’ont jamais été consulté depuis le milieu du XIX° siècle … !
Mais il n’est peut-ête pas inutile de méditer ce que Alberto Manguel en dit dans « Une histoire de la lecture : « ?...chaque fois que je me débarasse d’un livre je m’aperçois quelques jours plus tard que c’est précisément celui-là que je cherche « ou les propos de Jean Paul Kaufmann dans « La maison du retour « : »C’est un mot terrible [désherbage], épouvantablement expressif….Selon quels critères faut-il sarcler ?...Ce bon plaisir, ce droit de vie et de mort ont quelque chose de terrifiant … »
Enfin signalons l’étape ntermédiaire pouvant être constituée par une « Réserve « du type de celle existant à Paris ou sont regroupé des livres « Désherbés » par les bibliothèques affiliées et ou ils vont rester à disposition durant un délai plus ou moins long, parfois plusieurs années , jusqu’à ce qu’ils finissent par être pilonnés ou donnés à des associations .
Dans certains milieux,cheminot par exemple , le mot désigne pudiquement une « Cure de désintoxication alcoolique « mais il ne semble pas s’être acclimaté avec ce sens dans le milieu de l’écrit ….
Pour conclure et se pénétrer de l’idée que la chose n’est pas nouvelle on peut citer Louis Sébastien Mercier qui , parlant de la biblothèque royale au chapitre CXCIV de son « Tableau de Paris « écrit : « L’esprit se trouve obscurci dans cette multitude de livres insignifiants qui tiennent tant de place et qui ne servent qu’à troubler la mémoire du bibliothécaire qui ne peut pas venir à bout de les arranger »…suit une liste des livres,(la majorité de la bibliothèque …) qui ,selon Mercier , seraient à détruire
RUDOLOGIE
Étude des déchets , ordures * et contenus des poubelles * et corbeilles * des sociétés organisées (on peut rencontrer le synonyme plus explicite « Poubellologie «)
Cette étude ,peut avoir des visées écologiques par l’estimation des volumes et de la nature des produits rejetés et surtout de ceux susceptibles de polluer l’environnement.ou des visées moins nobles consistant en la recherche de renseignements ..
Les résultats des études qu’elle mène sont aussi intéressants dans d’autres domaines et permettent,si l’on s’y intéresse sous cet angle , de cerner assez précisément les habitudes et les modes de vie de la population étudiée .
Dans le domaine de l’écrit l’application de cette science autoriserait l’estimation du volume et de la qualité des documents écrits rejetés et sans doute des conclusions intéressantes concernant les centres d’intérêt de la population, ses goûts,ses critères de valeur etc ...
La littérature grise* , par exemple , disparaît en très grande partie par jet aux ordures après un délai plus ou moins long…
Il faut cependant reconnaître que , dans ce domaine , très peu d’études sont menées et , hormis pour des raisons d’espionnage, ou le recours à la rudologie est un grand classique ,on ne parle guère des ordures qu’à l’occasion de scandales comme celui survenu en 1989 à la bibliothèque de Poitiers ou un “ désherbage * “ sauvage conduisit à la décharge un certain nombre d’ouvrages précieux .
Certains artistes s’y intéressent cependant en réalisant des tableaux constitués à partir des ordures de célébrités.
Dans un domaine éloigné de notre sujet on peut remarquer que la rudologie et la mesure des effluents est la seule méthode rendant assez précisément compte des niveaux de population dans les villes soumises à des flux saisonniers telles que villes d’eaux, stations de ski, plages etc …
DÉACCESSION
Angliscisme indiquant l’action accomplie par une bibliothèque publique, en se défaisant d’un ouvrage figurant à son catalogue .(on dit aussi : « Désherbage * «
Les ouvrages des bibliothèques américaines ayant fait l’objet de cette action reçoivent une marque spécifique que les bouquinistes ne manquent pas de signaler sur leurs catalogues car, aux yeux de certains amateurs ., elle confère du prestige aux livres qui en sont porteurs .
Hormis « Désherbage » signalé plus haut , Il y a peu de mot français équivalents, les ouvrages en fin de vie étant étant le plus souvent marqués “ Pilon * “
S’il fallait en trouver , Lucien X. Pollastron propose dans son ouvrage “ Livres en feu “ “ Désaccés “, “ Désacquis “ , “ Dédomanialisé “ “ Désaffecté “ ou “ Désélection “