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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 10:06

 

INVENTION

                        1) Les inventions diverses ont  suscité une foule d’écrits, mémoires * , brevets etc ....et celles concernant le livre et la «  Chose écrite «  ont intéressé tous les domaines de cette sphère sans exceptions .

                            Un problème récurrent les concernant  est celui de leur utilisation  par des tiers si elles ne sont pas ou sont mal protégées ; les litiges et procès à ce sujet sont innombrables

                            Il existe des  organismes chargé  de la protection des brevets et inventions comme ,par exemple , l’ INPI  (Institut national de la propriété industrielle) et  , pour les œuvres intellectuelles  la SGDL (Société des gens de lettres ) ....protection non limitée dans le temps  et effective tant que les ayants-droits  en   acquittent les charges .

 

                          2)Si durant longtemps on a cru à une invention unique d’une écriture  dont aurait découlé toutes les autres les études actuelles montrent qu’il n’en est rien et que l’écriture a été  inventée   au moins quatre fois  dans les pays de la mer Égée, en Égypte, en Mésopotamie et en  Chine et , très probablement  un nombre mal connu d’autres fois qui seront découvertes  au fil de la progression des recherches  paléographiques * et linguistiques *, les écritures indéchiffrées  à ce jour  telles que « Linéaire A « , “ Sceaux de l’indus  *  “ , “ Rongo *- Rongo  “ “ Tartaria  *  “ , “ Disque  de Phaïstos   *“ Manuscrit de Voynich *  “ «  Codex Séraphini «  pouvant  déjà être considérées comme telles .

 

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 08:53

CENSURE                            

                                      Examen critique d’une œuvre avant sa publication pouvant conduire à l’interdiction* ,partielle ou totale de sa diffusion ou à sa modification si elle ne répond pas aux critères établis par le censeur.

                                      Dans des textes anciens on peut rencontrer les appellations devenues inusitées  “ censive  “  et “ censurat  “  et dans les textes plus récents diverses appellations telles que «  Anastasie * «  ,  « Ciseaux* «  , «  Douanier* de la pensée «, »Sainte Pélagie * »  etc ..

                                      La censure a existé de tous temps et l’on peut citer Ovide qui en fut victime pour son “ Art d’Aimer  “ ,mais ,à certaines époques, elle fut  d’une particulière sévérité et de nombreux livres en ont été les victimes soit en n’étant pas publiés soit en étant amputés d’une partie de leur contenu .

                                      De nombreux auteurs ont été sanctionnés de diverses manières: prison , supplice ,exécution, bannissement et parfois même à titre posthume comme ce fut le cas pour Clément d’ Alexandrie radié en 1586 du martyrologe Romain par le pape Sixte Quint  pour cause de non orthodoxie de ses écrits ...

                                      Les principales causes tenaient à des raisons religieuses, politiques ou morales et ces livres  étaient désignés comme “ Mauvais* livres “  

                                      Par exemple , de 1660 à 1770, et pour la seule Bastille,huit cent soixante neuf imprimeurs furent emprisonnés ,six  autres moururent après leur condamnation aux galères et innombrables sont ceux qui furent frappés d’amende ,de confiscation  de leurs biens ,condamnés au fouet ou au carcan ....et parmi eux , le marquis de Sade qui fut embastillé en 1763 non à cause d’une “ Partie avec des filles “ comme le prétendit son père mais en raison d’ un “ Malheureux livre  “                                                                

                                      Il est à noter que c’est grâce à la censure que certains ouvrages sont très recherchés en raison de leur rareté ou plus simplement de l’esprit de résistance des lecteurs.

                                      Comme exemple de rareté on peut citer  l’édition des “fleurs du mal” de Baudelaire comportant,avant censure, les poèmes qui furent ensuite supprimés...et comme exemple de résistance  Oscar Wilde qui disait que “  Plus de la moitié de la culture intellectuelle moderne  dépend de ce que l’on ne devrait pas lire   “ ou Marcel Jouhandeau écrivant dans “ Essai sur moi-même “  que “ Tout bon livre est un attentat   “....

                                        La censure a parfois conduit à la destruction officielle et exemplaire :c’est l’autodafé*.

                                      L’idée de censure est ancienne et l’on en trouve trace dans les colophons* de certains livres ( comme celui imprimé à Cologne en 1479 qui porte la mention : “Permis par l’université...”  )  ou dans la bulle papale  de Léon X datée de 1515 rendant obligatoire l’examen des livres avant publication (et préfigurant l’index * ....)

                                      L’origine de la censure en  France se situe sous le règne de François 1° (1521) qui,bien que protecteur des lettres et des arts, comprit très vite le danger que pouvaient constituer les livres et imposa l’approbation* avant publication puis en 1533 l’interdiction de l’imprimerie qui , bien que vite abrogée, lui valut le surnom persistant de “ Proscripteur de l’imprimerie  “ mais bien d’autres lois suivirent ensuite au fil du temps!

                                      La Sorbonne publia en 1543 un catalogue* des livres condamnés comportant environ 63 titres (dont “ Gargantua “ et “ Pantagruel “ ....)qui devinrent 250 dés 1544...

                                      La censure eût ensuite des  alternances de libéralité et de sévérité , certains modes d’expressions,théâtre par exemple , y échappant parfois pour un temps …..il y eût cependant des périodes ou elle  préfigura la censure quasi paranoïaque qui devait sévir en URSS bien plus tard et ,vers le milieu du XIX° siècle certains censeurs, animés du même esprit que , naguère, les inquisiteurs ,  virent dans des textes totalement anodins des allusions amorales , grivoises ou contraires aux lois et aux mœurs …

 

                                      Napoléon  écrivait en 1810 :

                                      “L’imprimerie est un arsenal qu’il importe de ne pas mettre entre les mains de tout le monde ...il s’agit d’un état qui interesse la politique ,et dés lors , la politique doit en être juge .

                                      Opinion qu’il nuançait cependant concernant la censure  des correspondances  privées  en écrivant dans «  Le mémorial de Sainte Hélène : «  La violation du secret des lettres peut donc faire perdre au prince ses meilleurs amis en lui inspirant à tort de la méfiance et de la prévention « 

                                      La censure peut avoir diverses causes dont les principales tiennent à la moralité (cause permanente)  à la politique (cause variable) ou à la simple discrétion du pouvoir  (“ Il est dangereux de lire trop de livres  “ disait Mao Tsé Toung  )                                          En période de conflits ou de guerre la censure est en général considérablement renforcée...

                                      Durant la guerre de 14 le courrier  était censuré par découpage au point de le rendre parfois illisible et , pour le dernier conflit mondial ,on peut citer l’œuvre de   Saint-Exupéry “ Pilote de guerre”  qui ,censurée, donna lieu à des éditions clandestines ou celle de Vercors  dont la censure provoqua la création    d’une maison d’édition clandestine : les “Éditions de minuit “

                                      Mais il y  eût bien d’autres  “Unerwuenschte Franzoesische literatur “ (ouvrages littéraires francais non désirables ) figurant sur la liste    Bernhard de 1940 et les trois listes Otto (Otto Abetz) établies en 1940 , 1942 et 1943...(environ 3200 titres et 140 éditeurs ...)

 

                                      Dans l’ex URSS la censure nommée «  Glavlit* » exerça une pression proche de la paranoïa sur toute la chose écrite , chacun de ses treize échelons s’ingéniant à trouver un reproche à faire au texte qui lui était soumis après transit dans les niveaux intermédiaires …il s’ensuivit  une autocensure * généralisée et la floraison de Samizdats *

                                      Plus récemment , la révolution culturelle chinoise provoqua vers 1965 une censure généralisée et une baisse  colossale  de la production éditoriale qui de 20430 titres en 1965 passa à 2925 titres en 1967  ( encore s’agissait-il de titres très orientés ...)

                                        Malgré toutes les interdictions et même durant les périodes de censure les plus sévères un certain nombre d’ouvrages continuent  cependant à circuler....ces écrits clandestins ,diffusés en général à petit nombre,ont souvent un grand intérêt bibliophilique...

                                      La censure a ,parfois, reçu des surnoms :le plus célèbre étant :Anastasie*

                                      Lorsqu’elle se manifeste en supprimant matériellement les ouvrages ou en les modifiant avant leur impression son action peut être difficile à déceler  mais il arrive assez souvent qu’elle laisse des traces évidentes telles que passages caviardés * , illustrations modifiées , pages arrachées etc ..

                                      Un cas très fréquent est constitué par  la censure religieuse qui conduisit ,jusqu’au XIX° siècle ,à diverses actions  telles que :

                                      -Voilage pudique des parties “ honteuses “ des personnages d’une foule de gravures , créant ainsi ce qu’aujourd’hui nous nommons les “ États couverts * et découverts  * “

                                      -Exclusion de la communauté , excommunication ou “ Fatwa * “ comme celle dont fut victime en 1656 Spinoza qui se retrouva exclu de la communauté juive

                                      -Inscription à l’ “ Index * “ etc ...

                                      L’auto-censure consiste pour un auteur ou un organisme à supprimer lui-même  de ses  œuvres écrites les passages susceptibles de déplaire au public,à certains Lobbies *, au pouvoir en place ou ,plus simplement à.... l’Audimat *.... Il va sans-dire que cette pratique conduit à un appauvrissement certain de la création....                                     

                                      On a ,parfois, appelé “ Censure “ une note critique placée par l’éditeur  pour signaler les passages d’une œuvre susceptibles d’être de provenance douteuse ...

                               Il est arrivé , en période de guerre que certains écrivains fassent partie des services de la censure : ce fut le cas de Guillaume Apollinaire lors de la première guerre mondiale .

                                      En France , la censure s’en est pris  à presque toutes les sortes d’ouvrages , la catégorie la plus épargnée étant les dictionnaires  pour laquelle on ne peut guère citer que l’encyclopédie de Diderot , violemment critiquée mais incomplètement censurée ,et,beaucoup plus tard ,  le”Dictionnaire universel  “ de Lachâtre  pour lequel ,outre la destruction de l’ouvrage , l’ auteur fut condamné en 1858 à cinq ans de prison et 6000 francs d’amende .

                                      Elle ne s’est en outre pas contentée de pourchasser les ouvrages et de les détruire mais elle avait édicté des règles très contraignantes pour l’exercice de l’imprimerie : Porte unique et non fermée à clé , interdiction d’utiliser les rouleaux * jugés trop silencieux  etc ...

                                      Il est arrivé fréquemment que ,pour tenter de supprimer un livre qui leur déplait ,une institution ou des particuliers en rachètent  la quasi totalité des exemplaires  pour ensuite procéder à un autodafé * personnel :

                                      -Le Vatican dépensa ainsi des sommes considérables au début du XIX° siècle pour racheter chez les libraires et chez les lecteurs  l’ouvrage “Réalité de la magie et des apparitions “ de l’abbé Simonnet paru en 1819 et jugé trop peu orthodoxe .

                                      -La veuve Clicquot  rachetait  pour les détruire  les œuvres de son gendre jugées licencieuses à son goût....

                                      La censure,comme l’autodafé * (Voir à ce mot ) , a souvent l’effet inverse de celui recherché en provoquant l’engouement des lecteurs pour les textes censurés.

                                      Morellet écrivait à ce propos au XVIII° siècle : “ Ces six mois de Bastille seraient une excellente recommandation et feraient infailliblement ma fortune ...”  et, en effet , embastillé comme obscur libelliste *,il en ressortit avec l’aura de la  victime et du philosophe .

                                      Et , bien avant lui , Tacite s’exprimait ainsi : «  Ceux qui croient , avec leur pouvoir du moment , parvenir à étouffer même le souvenir de la postérité sont fous !. Au contraire  ,l’estime pour les talents châtiés croit et ceux qui emploient la sévérité n’obtiennent pas autre chose  que leur propre déshonneur  et la gloire de ceux qu’ils ont punis « 

                                      L’action des censeurs , lorsque les ouvrages ne sont pas détruits ou retirés de la vente se traduit par l’apposition , d’un “ Visa * “ , d’une mention ou d’un cachet * ou , pour le domaine japonais , d’un “ Aratame * “   dont l’examen est parfois le seul moyen de dater un document ancien ne portant pas d’indication de date .

                                      Il va sans dire que les écrits la condamnant  furent innombrables et , pour n’en citer que deux  on peut noter :

 

                                      -Ce qu’en disait Voltaire (in « Pièces inédites [Remarques et observations] « -1820) : « Un livre défendu est un feu sur lequel on veut marcher ,et qui jette au nez des étincelles « 

 

                                       -Ce que Flaubert écrivait dans sa correspondance (1852) : “ ...L’attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme .La mort de Socrate pèse encore sur le genre humain . “

                                      Parfois , la censure prend d’étranges formes  comme , par exemple ,en Russie ou après la disgrâce de Béria  tous les souscripteurs de la « Bol’shaia Socetskaia Entsiklopedia »(Grande encyclopédie ) reçurent un courrier qui,renouant en cela avec l’antique «  Damnatio* memoriæ «  des romains , leur demandant de caviarder sur leur exemplaire  l’article de l’encyclopédie concernant ce personnage  ,une carte postale à la bonne dimension étant jointe au courrier…l’histoire ne dis pas s’il y eût des contrôles ….

                                      Le terme  étant un peu tabou des succédanés en apparence plus acceptables ont fleuri comme , par exemple : « Contrôle de conformité d’exploitation «  parfois abrégé en «  C C E « 

 

                                      Sans pouvoir être réellement qualifiée de censure  , la « sélection «   qui fut parfois pratiquée par quelques  bibliothèques publiques n’admettant pas en leur sein certains types d’ouvrages  peut lui être comparée  …la chose est ancienne et Jean Pie Namur la notait déjà en 1834 dans son «  Manuel du bibliothécaire « : «  Il est parfois à la tête des bibliothèques publiques  des hommes d’une conscience timorée et d’une religion par trop méticuleuse …..qui , loin de faire abstraction de leurs propres idées …écartent  soigneusement du dépôt qui leur est confié , tout livre qui est en opposition avec leur manière de penser «   

 

                                      Si , lorsque l’on parle de censure ,on pense à priori aux textes des écrivains , à la presse et aux correspondances privées , il ne faut pas oublier qu’elle s’exerça sur des domaines bien plus vastes  comme , par exemple , lorsque le gouvernement révolutionnaire publia  en Thermidor de l’an XIII un «  Précis concernant la rectification des enseignes *, Tableaux *,Écriteaux , Adresses*, Indications et inscriptions »ordonnant de supprimer tous les emblèmes ou termes évoquant la royauté sur tous les supports en comportant …

 

                                      Les moyens matériels mis en œuvre par la censure sont variés  et plus ou moins radicaux :

 

                                      -Destruction des ouvrages par le feu ( «  Autodafé * ») , lacération , pilonnage *, amputation des passages censurés  ou réemploi des matériaux à d’autres fins.

                                      - «  Caviardage * «  plus ou moins efficace  des passages  censurés.

                                      -Scellement à la cire cachetée des pages interdites .

                                      -Mise à l’index* interdisant « moralement «  certaines lectures sans que des obstacles  physiques efficaces  soient mis à l’accès aux ouvrages concernés.

                                      -Méthodes plus originales  mais en général de peu d’efficacité  comme , par exemple  poignardage*(on connaît de nombreuses représentations de livres poignardés ..) ou tir à balle sur le livre , condamnation  de passages à l’aide d’agrafes * ou de trombones * etc ….toutes méthodes qui , si elles ont pu satisfaire la hargne du censeur et effrayer quelques lecteurs dociles  ont conservé au livre sa capacité à délivrer son message .

 

AUTOCENSURE  

 

            …

                                                                         

            Action pratiquée par un auteur ou une publication consistant à ne pas écrire ou publier certaines opinions ou informations dans la crainte qu’elles ne soient censurées ou pour respecter une convention ou un code de déontologie *.

            L’autocensure est ancienne et déjà dans l’antiquité , Tacite la mentionnait en la nommant «  Inertiæ dulcedo «   (Douce inertie ..)

            Anticipant de façon subjective une possible  sanction ,l’autocensure ,si elle est abusivement pratiquée, peut conduire à une certaine stérélisation de l’écrit ....

            On peut citer l’exemple de Descartes qui , ayant découvert les bases de la topologie en 1633, préféra interrompre ses recherches  au vu de la condamnation de Galilée par l’inquisition  ou celui de Mellin de Saint  Gelais qui détruisit la première  édition (1547)de ses œuvres poétiques pour effacer toute trace de quelques vers non conformes à son statut de poète officiel du roi Henri II…

            Plus près de nous , l’autocensure est courante concernant certains sujets pouvant être interprétés comme faisant l’apologie de notions jugées incorrectes .

                                     

   L’autocensure est parfois institutionnalisée comme ce fut le cas durant la seconde guerre mondiale ou le syndicat des éditeurs signa avec l’occupant le 28 septembre 1940  une «  Convention d’auto-censure «qui fonctionna jusqu’en 1942 en interdisant aux éditeurs de plublier tout texte susceptible de nuire aux intérêts allemands . 

                                      Parfois c’est l’auteur lui-même qui s’efforce de supprimer les ouvrages en circulation en les rachetant …ce fut le cas du dessinateur Gus Bofa qui devant la réprobation provoquée en 1919 par son livre «Roll-Mops le dieu assis   «  dut se résoudre à racheter le stock.

                                      Parfois aussi  l’éditeur se dote d’un service  dit «  Senstivty* reader «    chargé  d’ « aseptiser » les textes qui vont être publiés …en principe , mais pas toujours , avec l’assentiment de l’auteur

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 10:12

CANON                                                                                                                                          

                                      Au départ ,le canon était une référence  de mesure analogue à notre mètre étalon puis , peu à peu , le sens s’est élargi pour désigner des œuvres tendant à édicter des règles  , l’une des premières étant le «  Canon «  de Polyclète (vers 460 Ajc.) définissant les proportions physiques idéales du corps humain  qui ne nous est connu que par des allusions figurant dans les œuvres de Plutarque et de Philon de Byzance et par son illustration dans  la statue du «  Doryphore «   découverte à Pompéi

                                      1)Sorte de signet* collé dans la marge* d’un livre et la dépassant pour constituer un repère;son usage est analogue à l’onglet.

                                          2)En matière ecclésiastique:

                                                                  -Recueil de règles  constituant le «  Droit canonique « 

 

                                        -Catalogue des saints reconnus par l’église (l’acte de  radier un saint  de cette liste de nomme “ Décanoniser  *  “ )

  

                                      -Les “ Canons d’autel  “ aussi nommés “ Secrètes  “ ou “ Tables des secrètes  “ ont été supprimés par le concile Vatican II.

                                      C’était  un ensemble de trois  tableaux souvent enluminés ,posés sur l’autel ,à gauche l’évangile de saint Jean , au milieu le Gloria, le Crédo, et les prières de la consécration , à droite le «  lavabo «  l’un au milieu , le “ Lavobo * “ à droite et le “ Dernier évangile  “

 

                                      -Le «  Canon de la messe «  contenant les prières invariables  était souvent inclus dans les missels sous un forme particulièrement soignée et il n’était pas rare que , dans un missel imprimé sur papier, soit inclus un canon enluminé sur vélin* , ce qui explique que ces canons aient été souvent séparés des ouvrages qui les contenaient et conservés après la destruction de ceux-cis ….

 

                                      Pour les enlumineurs amateurs , Il en existe des reproductions sous forme d’ esquisses au dessin préimprimé qu’il suffit de peindre ...

                                      -Liste des 27 livres de la bible* reconnus comme authentiques.( “ Canon des livres saints  “ )

                                      -LaTable des canons  “ (« Canones evangiliorum «  ) est une table  de concordance des versets des quatre évangiles  établie  vers 330 par Eusèbe de Césarée qui fut par ailleurs  l’un des premiers à comprendre tout le parti que l’on pouvait tirer de la présentation des livres sous forme de “ Codex  *  “ plutôt que sous forme de “ Volumens  *  “ .

                                      Cette table  dite aussi   “ Canon d’ Eusèbe  “  fut souvent présentée dans les manuscrits en 12 à 16 pages et  dans un décor en forme d’arcades.

 

                                      -Sorte de pancarte placée dans un point remarquable d’un édifice religieux  pour le signaler aux fidèles .

 

                                      -« Canon de concordance « :Dans l’antiquité les concordances réunissaient en un seul ouvrage les quatre évangiles  puis l’appellation « Canon de concordance «  souvent abrégée en «  Concordance «  seul ,  désigna un dictionnaire recensant tous les mots contenus dans la bible et donnant les références du passage ou ils figurent : «  Concordanciæ bibliorum » de Hugues de Saint-Cher (XIII° siècle ) par exemple

                                      -Le «  Canon pascal « est une table établie par Eusèbe de Césarée  lors du concile de Nicée pour permettre le calcul des dates des fêtes religieuses mobiles .

 

                                      Et , aussi les canons d’ Hyppolyte, des apôtres ,Pénitentiels etc …

                                                                                                           3)En matière de littérature :

                                      -Par référence à l’appellation qui avait cours à la bibliothèque d’ Alexandrie pour désigner les œuvres classiques on nomme “ canon “ le catalogue des auteurs considérés comme des modèles dans leur discipline et leur entrée dans cette liste est nommée “ Canonisation  “ 

                                      -Liste des œuvres d’un auteur dont l’authenticité est certaine: on parle ainsi du “ Canon shakespearien “ pour désigner les textes reconnus formellement par opposition aux nombreux autres comportant une incertitude.

                                      -Texte considéré comme modèle d’un genre particulier et , dans ce sens , le mot est synonyme d’ »exemplar * « 

                                      Le «  canon royal de Turin « est  , par exemple , un papyrus* de la collection Drovetti contenant une chronologie des pharaons qui fait autorité .    

                                      4) Règle utilisée pour régler* le papier                                                    

                                      5)En typographie,famille de dimensions de caractères de 28 à 88 points* surtout employés pour les affiches

                                       6) Petit canon: voir petit*

                                       8)Ensemble de règles suivies pour la réalisation d’une œuvre ou étant en usage dans une profession ou un secteur géographique particuliers : c’est ainsi que l’on parle , par exemple ,du “ Canon de Fontainebleau  “  concernant le style des illustrations (figures longues, draperies collantes ...)apparaissant dans les livres vers 1550 .

                                      Le mot est aussi parfois employé comme synonyme de «  style «  pour qualifier la manière d’un illustrateur : le catalogue de la vente des livres de Denise Weil-Scheller (1989)prête à l’enlumineur Agostino Decio un style  «  au canon étiré «…on pourrait dire la même chose pour Modigliani ou Giacometti …                                                

                                      9)Le “canon de division est utilisé pour répartir harmonieusement le texte,les blancs* et les illustrations d’un livre.

                                      Comme l’ont démontré les travaux de Jean Tschichold  , Raùl Rasarivo ou Van de Graaf les manuscrits médiévaux ont manifestement été mis en page en utilisant un canon analogue à celui que Villard de Honnecourt inventa au XIII° siècle qui fut également utilsé par les premiers imprimeurs .

                                      Vinrent ensuite des règles mathématiques telles que le «  Nombre d’or * «  , la «  Suite de Fibonacci « 

                                      10)Le mot désigne aussi un tableau ou une abaque résumant des données sous une forme synthétique : le “ Canon logarithmique  “ de Hoëné Wronski (vers 1840) en est un exemple.

                                      11)Dans l’ancien empire turc le «  Canon-Amé «  était un registre ou étaient inscrits les revenus du trésor public .

                                      12)Sous l’ancien régime le «  Canon impérial « était un registre recensant les redevances …cette appellation  a longtempssurvécu en Alsace …

                                      13) En matière musicale , outre son sens classique désigant une  méthode d’éxécution d’un chant , il existe un «  Canon  énigmatique «   qui consiste en l’écriture d’un morceau de musique  réputé indéchiffrable* et qui est une sorte de rébus * musical ne pouvant être lu que si on en possède ou découvre la clé .

                                      Certains de ces canons  particulièrement complexes ont été baptisés d’un nom propre :le canon de Werkmefter  par exemple ,qui comporte 96 voix et 24 chœurs ,est nommé « Nœud de Salomon « ou « Labyrinthe « 

                                      14)William Stirling développe dans «  The canon «  (1897) l’idée qu’il aurait existé dans l’ancienne Égypte un «  canon » transmis oralement  à des initiés et réglementant  l’expression littéraire et artistique , canon qui aurait survécu à la chute de la civilisation égyptienne ….

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 08:17

ÉTRENNES                                        

                                          1)Titre de certains livres qui vient sans doute du fait qu’ils furent,à l’origine , dédiés à un personnage en guise d’étrennes au sens de cadeau de nouvel-an ; mais le sens du terme paraît s’être élargi pour désigner la mise à disposition du lecteur des connaissances de l’auteur : «  Étrennes d’un médecin «  par exemple (1775)

                   Les “  Étrennes mignonnes  “ étaient des livres du type « Almanach* «   ou " Keepsake "  de format souvent  minuscule  qui parurent principalement à Paris de 1724 à1848 et dont le succès suscita diverses imitations parfois réunies sous l’appellation générique  d’ « Étrennes parisiennes « et parmi lesquelles on peut citer : »les «  Étrennes universelles , intéressantes des quatre parties du monde, nationales ,précieuses,historiques  etc …

                   La mode de ces “ Étrennes “ fut à son apogée au XVIII° siècle et l’on en  rencontre des “ chantantes , patriotiques, nationales , libertines, anachréontiques  * , galantes,lyriques,sans pareilles , de Polymnie,d’Apollon,érotiques,nationales ,de la jeunesse, royales,spirituelles, dramatiques , spirituelles ,   “    etc ...etc

                   Certaines de ces œuvres se caractérisent par leur style ampoulé * et dithyrambique * ...et peuvent aussi être désignées par termes «  Parnasse *,Volière*,Solitaire *,Triomphe * ..des dames « 

 

                                2)La pratique des étrennes en tant que cadeau pour la nouvelle année a parfois existé dans les professions du livre et le “ Journal des typographes “ de Janvier 1896 conseille aux patrons d’imprimeries de faire cadeau de livres techniques  à leurs ouvriers et apprentis ...

            Ces étrennes sont parfois  désignées par le mot “ Épingles  *  “ (Voir ci-dessous )

                               3)On a aussi qualifié de “ Cartonnages  d’étrennesles cartonnages romantiques du milieu du XIX° siècle qui devinrent ensuite les “ Livres de prix * “ 

 

            Certains éditeurs , Hetzel notamment se spécialisèrent dans ce secteur en publiant dès Novembre de luxueux catalogues des « Nouveautés «  de l’année qui , bénéficiant d’un cadre moins strict et de contraintes financières moindres que pour  le « Livre de prix «  , manifestèrent d’avantage de fantaisie  et dans le choix des sujets et dans la présentationn  souvent très illustrée avec une large utilisation de la couleur .

            Ces livres furent parfois attribués en guise de prix d’excellence mais leur coût élevé  joint à certaines restrictions du corps enseignant qui  les considéraient comme des ouvrages «  De fantaisie « limita drastiquement ce type d’emploi  .

 

            De nos jours si l’appellation à disparu la chose demeure sous la dénomination de «  Livre de fête * « et l’on  assiste avant les fêtes de fin d’année  à la sortie de nombreux livres à la présentation flatteuse  prêts à entamer une carrière de «  Livre de Table à café  «

                               4)La période des fêtes de fin d’année  a très tôt suscité la parution  d’ouvrages à la présentation flatteuse destinés à être offerts et les diverses maisons d’éditions ont publié des «  Catalogues* d’étrennes « qui ,outre leur intérêt  intrinsèque ,constituent une excellente documentation concernant l’époque, les goûts, les usages etc …

                                      Leur ancêtre peut être  trouvé dans l’ouvrage que l’écrivain de l’antiquité Martial publia  et qui intitulé « Apophoreta » ( Étrennes ) recensait des objets à offrir en guise de cadeaux de fin d’année avec leur description en vers non dénuée d’humour ; les livres n’étaient pas absents de ces suggestions de cadeaux et principalement sous forme de « Codex * «  de petite taille ,»Pugillares* membranei «, dont il vantait la commodité : « Virgile en parchemin ! Un petit parchemin recueillant l’immense Virgile ! « 

 

ÉPINGLE                                                           

                               1)Petite tige de métal terminée en pointe servant parfois à relier des documents...et y causant souvent des dommages graves par les traces de rouille et les piqûres qu’elle y laisse  (Quand elle ne cause pas des dommages aux doigts du lecteur...et des taches de sang sur les documents ainsi reliés …. !)

                   L’épingle ,qui existe depuis des temps immémoriaux,aurait ,sous sa forme actuelle, été inventée vers 1540 à Alençon qui employait à cette époque plus de 6000 ouvriers « Épingliers «   à la fabrication d’épingles  en laiton .

                  Les ouvriers œuvrant dans cette industrie y exerçaient des spécialités telles que «  Tireur «  qu’il est hors de propos de détailler ici  de même que le langage propre à cette activité  dont certains mots, « Torque «  par exemple,  peuvent cependant se retrouver avec un sens différent dans la sphère du livre… 

            La présentation actuelle en boîte a  été précédée par un conditionnement  dans des emballages similaires à ceux i des aiguilles en  papier décoré,et souvent traité pour prévenir la corrosion , 

 Avant qu’elle ne soit avantageusement supplantée par l’agrafe* pour les usages liés au papier .on pouvait rencontrer dans les bureaux des épingles ordinaires mais aussi des épingles spéciales à tête plate triangulaire , ondulées pour empêcher leur glissement , colorée , portant des symboles   et il existait des distributeurs automatiques les présentant une par une .

                   Les fabricants  d’épingles sont des «  Épingliers* «  et la phobie des épingles, mais oui … elle existe !... se nomme «  Bélouéphobie « 

            On peut rencontrer le régionalisme normand : «  Épingue «   

 

                               2)Les épingles ayant constitué , à l’époque de la renaissance, un cadeau de choix le mot conserva le sens de  “Présent “ ou d’ “ étrennes  “ durant très longtemps car il était de coutume d’offrir des épingles à l’épouse des personnes avec qui on était en affaire : c’est ainsi qu’un contrat d’apprentissage genevois  daté de 1693 mentionne le versement par l’apprenti de «  la somme de neuf cent florins pour le dit apprentissage et deux pistolles d’Espagne pour les espingles .. »

 On trouve trace de cet usage  dans certains comptes de papetiers ou d’imprimeurs  qui mentionnent un rubrique “ épingles  “ se rapportant à la coutume  voulant que le “ patron”   offre des étrennes * à ses employés pour le nouvel an .

                   Cette coutume apparaît un peu paradoxale lorsque l’on connaît  les nombreuses superstitions  négatives attachées aux épingles  qui , cependant  en comportent presqu’autant de positives, notamment celles liées aux présages d’heureux mariage constitués par la possession de 14 épingles distribuées par 14 mariées différentes lors de leur «  décourronement «   …

                   On peut rencontrer les synonymes : « Aiguilles* « et , argotiques d’origine lyonnaise  : «  Espinchos «  ou «  Espinchaux «          

                   Dans le langage des salons  répertorié en 1630  par le   “ Dictionnaire des précieuses ou clé de la langue des ruelles   “ d’Antoine Baudeau de Somaize  les épingles étaient nommées «  Sangsues « …

            Certaine grosses épingles destinées à relierde fortes épaisseurs furent nommées « Housseau * « 

                                                          3)Alexandre Alexeïeff ,reprenant  vers 1935 le principe du “ Physionotype   *  “ de Sauvage  ,utilisa  un procédé d’illustration constitué par un tableau perforé d’une multitude de trous au travers desquels passaient des épingles dont le dépassement variable produisait un motif en relief qui , convenablement éclairé et photographié a parfois servi à illustrer des livres comme , par exemple , “Le docteur Jivago  “ paru en 1959.

                   Ce procédé ne laisse  pas de “ gravure originale “ puisque le tableau est “ effacé  ” dés réalisation de l’illustration ...ce sont donc les tirages de tête * qui en tiennent lieu .

                   Peu utilisé pour l’illustration ,il a subsisté sous forme d’objet de curiosité et de décoration  permettant de réaliser une infinité de figures  différentes .

 

                                                      4)L’épingle a parfois servi d’instrument d’écriture et l’on raconte à ce propos  que Pascal inscrivait des notes sur ses ongles * à l’aide d’épingles lors de ses promenades.

                                                      5)L’épingle à linge a souvent servi à accrocher sur des cordes des feuilles imprimées ou non    pour leur séchage  , et , dans certains pays d'Amérique du sud des chansons et des poèmes  sont  imprimés sur des feuilles  dites " Feuilles de cordel "car présentés pour leur vente accrochés sur des cordes à l'aide d'épingles à linge ...

            On peut rencontrer son ancienne appellation : «  Jouette «

 

                                                      6)Dans le jargon des milieux financiers le mot désignait, vers 1950 , une liasse de dix billets de mille francs de l’époque , sans doute en raison du fait que ces liasses étaient assemblées par une épingle.

                                                      7)En matière de presse le mot a servi à désigner une rubrique rassemblant des propos satiriques et souvent fielleux  « épinglant «  haineusement  des célébrités

                                                      8)Il semble que les épingles à cheveux aient parfois servi de coupe-papier , notamment pour « ouvrir  * » les livres non-coupés…un article ancien du «  Library Journal  «  newyorkais consacré à « Ce qu’il ne faut pas faire avec les livres «  mentionne cette pratique …et la proscrit !

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 11:24

BAIN                                                                                                                        

            1)L’expression :”Le grand bain” désigne en argot les archives générales de la police judiciaire.

            2)“Lire dans son bain “ tient plus du fantasme que de la réalité pratique..si de nombreux lecteurs en ont eu le désir , le plus grand nombre y a renoncé devant les difficultés de l’entreprise ...tenir le livre et  tourner ses pages  en évitant de les mouiller  est quasi-impossible...

            Nous suggérons donc aux éditeurs d’ouvrir  leur  catalogue de publications enfantines conçues pour le bain  à des œuvres plus consistantes ...une biographie de Charlotte Corday ou de Marat lue dans son bain prendrait sans doute un certain relief !

            3)Les établissements de bains ( Thermes )  de l’antiquité furent parfois dotés de bibliothèques comme , par exemple ,en 212, ceux de Caracalla ,ouverts à tous ,  qui étaient de véritables espaces de convivialité , la bibliothèque s’efforçant de coller aux goûts  du peuple fréquentant l’établissement 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 11:20

 

DESTRUCTION                

              Les causes de destruction des livres et des écrits sont innombrables  et  se répartiraient en 60% de destructions volontaires  et programmées et 40% dues à des causes diverses :

              -Causes naturelles telles que insectes*,incendies*,inondations *,moisissures*, sécheresse*, séismes, éruptions volcaniques ,pollution *,rongeurs *,lumière*   etc...

              -Évènements tels que guerre*,révolutions,émeutes,vols*

              -Destructions volontaires soit du fait des propriétaires soit par ordonnance de justice ( “autodafé  *  “) soit par des personnes désirant nuire à leur propriétaire .

              -Réutilisation des matières à d’autres fins ( reliure,combustible ,emballage *, recyclage * etc ....)....en 1634 , par exemple , un mariage princier à Copenhague occasionna la destruction d’un nombre considérable de livres et de manuscrits pour la confection de cartouches de feu d’artifice…plus tard , le «  petit livre rouge »  chinois fut confectionné avec le papier recyclé de millions de livres détruits  .  

              -Changements culturels et / ou politiques ou religieux  entraînant la disparition d’une langue ,d’un mode de pensée ou d’une religion

              -Autodestruction par acidification* du papier

              -Perte pure et simple ,encore que l’on puisse supposer qu’un livre perdu* entame une nouvelle vie ….

              Comme on l’enseignait encore il y a peu aux élèves bibliothécaires , le plus grand facteur de destruction est  l’homme lui-même et pour n’en citer que quelques    exemples signalons :

              -Vers 750 Ajc. Nabonassar,roi de Babylone fit détruire tous les écrits parlant de ses prédécesseurs et cetrtaines des  tablettes d’argile furent utilisée  comme matériau de construction .

              -Au XIII° siècle l’utilisation de livres à Bagdad par le chef Mongol Hulagu pour réaliser un passage à gué du Tigre dont les eaux devinrent noires de l’encre diluée ..

              -Au XV° siècle , les jetées du lac Anchar , au Cachemire , furent , dit-on, consolidées avec des livres jugés incorrects ...

              -Lors de la révolution française des livres du dêpot des cordeliers furent utilisés pour la réalisation de gargousses d’artillerie ...(voir : “ Arsenal * “ )

              -Au XVIII° siècle les russes détruisirent entièrement les bibliothèques thibétaine et Tartare d’Ablaikit  et ,en 1795,seule la moitié des 200000 livres de la bibliothèque de Varsovie envoyés à Saint Pétersbourg parvinrent à destination …

              -Durant la seconde guerre mondiale , à Kharkov, des rues rendues impraticables par la boue, furent dallées de livres issus de la bibliothèque Korolenko... 

              -Il y a seulement quelques années  des volumes de la “ Description * de l’Égypte “ furent utilisés pour constituer une digue dans les sous-sols de la faculté des sciences inondée...

              -Les codices découverts à Nag Hamadi en Haute Égypte en 1945 dont 40 sur les 53 découverts furent utilisés comme combustible ...

              La chose est ancienne puisque Boccace signale que lors d’une visite qu’il fit au Mont Cassin au XIII° siècle il constata que les moines dépeçaient les livres pour vendre de petits psautiers à l’usage des enfants et des papillotes pour les cheveux des femmes ...

              Très souvent aussi des documents précieux ont été détruits lors de l’évangélisation de certaines contrées : documents Maya en Amérique, documents Runiques  (voir : “ Runes *  “ )en Suède ,ancienne civilisation de Tahiti  etc ....

              De nos jours il existe encore des cas de destruction massive de livres précieux par manque de discernement et l’on peut citer la bibliothèque de San Francisco qui ,en 1996, inaugura ses nouveaux locaux en détruisant quelques 500000 ouvrages ou , plus modeste mais national,le “ désherbage  *   “ devenu célèbre de Poitiers

              Mais, à l’époque moderne ,  il existe une foule d’autres causes  comme la destruction de documents   par idéologie pour lutter contre des idées jugées subversives ,l’arrachage des pages de livres contenant des réponses aux questions d’un concours, le vandalisme et sa forme moderne constituée par les virus informatiques et les «  Hackers * «  ....

              Henri Béraldi  écrivait déjà à ce propos en 1893 que la principale cause de destruction des livres était était “...ce gros microbe qui s’appelle l’homme ...”

              Un autre cas de destruction concerne la correspondance de personnages célèbres dont quasiment aucun n’a échappé à la destruction de lettres par les destinataires…

 On peut en donner comme exemples :

              -Les lettres de Mme. de Sévigné que,les trouvant inconvenantes,sa petite fille Mme. de Simiane fit retravailler en 1715 par Denis Marius Perrin avant  leur publication ..et .après avoir détruit toutes celles qu’elle ne jugeait pas publiables !

                           -Nombre de lettres de Napoléon détruites par Fouché (crainte de compromission ..), Caroline Bonaparte (souci de préserver la mémoire ),par l’empereur lui-même ,par l’incendie des Tuileries en 1871 etc ..

                        -Un cetain nombre de manuscrits de Verlaine qui furent détruits pas Eugénie , l’une de ses maïtresses, désirant se venger du retour en grâce de  Philomène Boudin qu’elle avait évincée …..

 

                        Il faut aussi  évoquer la destruction quotidienne et organisée  de milliers de documents réalisée dans tous les bureaux à l’aide de déchiqueteuses*  ou , plus rarement via des sociètés spécialisées  dans la destruction sécurisée de documents confidentiels .

 

              On peut aussi remarquer que nombre de destructions massives de livres ont eu lieu par suite de leur rassemblement en un même lieu dans un souci de conservation …ce dont Maurice Rheims se fit l’écho lorsqu’il écrit dans «  Apollon à Wall-Street » : « Si , plutôt que de conserver ces écrits avec un soin extrême ,on les avait laissés en liberté ,sans doute le temps aurait-il fait son affaire du plus grand nombre .D’autres, épargnés au hasard se seraient réfugiés dans quelque bazar de l’Orient .  Ici et là  resurgiraient des textes d’ Aristote ,de Plaute, perdus depuis des millénaires . »

 

              Et pour conclure remarquons que , sans intention malveillante ,des foules d’écrits disparaissent  par suite de l’obsolescence des supports sur lesquels il sont rédigés  et les exemples en sont fort nombreux :

              -Les premières disquettes souples et celles dee 3,5 pouces, ne sont plus lues  par les ordinateurs récents ...et sur ces  ordinateurs  une fausse manipulation ou une panne peuvent instantanément détruire  de grandes quantités d’écrits

              -Les changements de support  des fims cinématographiques  ont entraîné la perte de milliers d’œuvres...

              -Le vieillissement des supports magnétiques ou numériques est mal connu et l’on sait d’ores et déjà que celui des encres de reprogaphie  est  relativement rapide

              Constater que l’on  peut avoir en main et lire des papyrus,des  parchemins , des manuscrits et des incunables  remontant aux  premiers temps de l’écriture  alors qu’une simple disquette informatique des années 80 ,sauf à recourir  à un ordinateur ancien ayant échappé au recyclage ,  ne peut plus être lue  à de quoi interpeller ....et incite à œuvrer pour la survie du « Livre-papier « dont ceux ayant échappé aux multiples agressions possibles demeureront toujours bien lisibles sans autre recours que la vue ....

              -

 

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 09:02

ÉVERGÉTISME                                                                                                   

            Le mot est un néologisme introduit par l’historien André Boulanger , mais la chose est ancienne et consiste , pour une personne nantie dés lors nommée “ évergète “ (Ptolémée II Évergète par exemple vers 245 Ajc. …),à  faire le bien autour d’elle en donnant ,dans une démarche nommée “ évergésie “ , des subsides destinés à financer  la construction de biens à usage  public , la publication d’ œuvres d’intérêt général etc …

            Apparenté au mécénat *  on peut en voir une manifestation dans la démarche des “ Agonothèthes * “)  offrant des livres pour doter les distributions des prix scolaires .

            Dans l’antiquité grecque le code de bonne conduite imposait un évergétisme minimal nommé  “évergétisme ab honorem  “ mais de nombreux citoyens allaient bien au delà dans un “ évergétisme libre  “   souvent trés peu  discret comme en témoignent les   inscriptions épigraphiques relevées sur les monuments dont beaucoup mentionnent le nom de l’évergète qui les fit construire accompagné de la mention : “ D S P F “ signifiant “ De sua pecuniæ fecit”   (“Fait avec son argent ...” ) parfois même accompagnée de l’indication de la somme dépensée ...

            Cette  tradition a été maintenue par certains agonothètes faisant figurer trés peu discrètement  leur nom sur les dons qu’ils effectuent ...sans cependant aller jusqu’à en en indiquer le prix ...

             

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 08:54

THÉÂTRE                                                                          

              1)Le théatre est une branche de la littérature apparue très tôt et qui fut florissante  dans l’antiquité mais dont peu d’œuvres nous sont parvenues sur les quelques centaines dont l’existence est connue : sept tragédies d’ Eschyle ,autant  de Sophocle  et dix-huit d’ Euripide, la plus ancienne étant «  Les Perses «   d’Eschyle..

                          La présentation matérielle des livrets * du théâtre actuel  se différencie peu des livres qui leur  sont  contemporains et concernant lesquelles on peut faire les mêmes observations ou remarques .

              La place  du théâtre au sein de la littérature générale a varié selon les époques : au premier plan au XVIII° siècle il fut en recul par la suite pour réoccuper le devant de la scène à la “ Belle époque “ .

              Particulièrement à l’époque moderne il a suscité une foule d’écrits et , hors les livrets * des pièces proprement dites ,il a provoqué la naissance de revues * , chroniques * , quotidiens * , feuilletons *, programmes *,affiches * , publicités * ,billets * ,contremarques *,livres de conduite *etc

              Ceci est tout particulièrement vrai de la période 1880-1914 ou une véritable “ Théâtrite “ s’empara du public français  et ou il était bien plus rapide pour un auteur  de faire fortune en écrivant des pièces de théâtre plutôt que des romans...il s’ensuivit une pléthore d’œuvres et une multiplication sans précédent des théâtres en tous genres dans les grandes villes (Plus de 120 à Paris en 1907 ...)

              Il est significatif de remarquer à ce propos que tous  les almanachs de l’époque donnent le plan des principaux théâtres de Paris ....

              Certains auteurs ont tenté d’établir une typologie des diverses sortes de théâtre mais le théâtre étant le reflet de son époque toute  typologie , en supposant que l’on puisse l’établir , est par essence mouvante ...en 1905 , un certain Golberg proposait  dans la “ Revue littéraire de Paris et de Champagne  “la boutade  de diviser le théâtre en “ Théâtre perruque fashion , peuple et “ J’ai perdu mon Eurydice   “ 

              Si le théâtre a toujours laissé une place de choix aux interprètes féminines il n’en a pas été exactement ainsi pour l’écriture théâtrale domaine dans lequel les femmes eurent de la peine à s’imposer tant l’idée qu’elles  n’avaient aucune dispositions pour cette écriture était répandue...

              Le fait est ancien et l’on ne connaît que très peu de dramaturges féminines anciennes .. tout au plus peut-on citer la moniale  du X° siècle Hirotsvitha de Gandersheim qui a laissé six hagiographies édifiantes de la vierge sous forme théâtrale …pièces oubliées jusqu’au XV° siècle …

              A la “ Belle époque  “en   pleine période  de “ Théâtrite aigüe  “ quelques pièces écrites par des femmes (7 en 1907 )  parvinrent à s’imposer mais sans pouvoir rivaliser avec le succès des auteurs féminins des autres genres .    

              Le monde du théâtre se singularise  par l’existence d’un argot * spécifique dont un certain nombre de termes sont issus du langage de la marine en raison de la présence de nombreux anciens marins dans les équipes de manœuvre des décors .

              L’écrit est très présent dans les œuvres théâtrales et on ne compte plus les pièces ou il intervient :

              -Sous la forme de lettres  venant  provoquer un changement de situation , un quiproquo ou un coup de théâtre ....

              -En constituant l’ossature de la pièce bâtie sur le modèle du “ Roman par lettres “  comme , par exemple, pour “ Love letters  “ de Ramsdell Gurney ( 1989)

              -En mettant en scène une correspondance réelle comme pour “ Cher menteur “ de Jérome Kilty(1960) qui relate quarante années de correspondance entre Bernard Shaw et Sarah Campbell.

              -En présentant la pièce sous la forme d’une longue lettre comme pour “ Lettre d’amour “ de Fernando Arrabal ( 1999)

              -De façon moins fréquente  sous la forme de livres qui sont parfois traités de façon burlesque  comme par exemple , lorsque le Chrysale des “Femmes savantes” utilise un Plutarque pour serrer ses rabats ou lorsque l’un des personnages d’ “ Occupe toi d’ Amélie “ de de Feydeau cale un meuble bancal avec un livre

              Il existe une forme de théâtre conçue pour être lue et non jouée que l’on nomme parfois «  Théâtre dans un fauteuil » : après l’échec en 1830 de sa pièce «  La nuit vénitienne «  Alfred de Musset s’écria qu’il n’écrirai plus que du théâtre de cette sorte….

              Cette forme de théâtre connut un regain de vogue à la radio avant l’apparition de la télévision .

              Et l’on ne peut passer sous silence l’époque de la fin du XVII° siècle ou les comédiens forains se virent interdits de dialogues et durent inscrire ceux-cis sur des rouleaux  lisibles par le public

  -Et pour la petite histoire rappelons la mémoire du jouet ,dit «  Petit Opéra «,concu par Truchet  pour le  jeune Louis XIV  et représentant un théâtre  ou une pièce en 5 actes et durant trente minutes était jouée

avec quatre changements de décors

                                    

 

              2)Certains recueils de cartes géographiques furent intitulés “ théâtre “ avant que le terme “ Atlas  “ ne prévale :“Theatrum Orbis Terrarum “ d’Abraham Ortelius (1570) ou “Théatre françoys  “ de Maurice Bouguereau (1594) par exemple ...

              Le mot fut aussi parfois employé dans le sens plus large de « Panorama «  pour désigner des ouvrages présentant l’ensemble des choses d’un domaine donné : «  Théatrum instrumentorum et machinorum « (1569) par exemple présentant un ensemble de machines et d’outils.

              3)Le mot  fut utilisé comme titre d’ouvrages faisant le point d’une question particulière avec l’aide de nombreuses illustrations : “Théâtre des instruments mathématiques “ de Jacques Besson (1578) par exemple ...

              4)On nomme parfois de la sorte la niche ou compartiment de rangement  centrale d’un meuble à écrire ...sans doute en raison de son décor  de bordures festonnées ou de colonnettes  pouvait en effet faire penser à un théatre ...

              5)On nomme “ Album -Théatre un livre à système * présentant un cadre fixe derrière lequel peuvent défiler des images au gré du lecteur .

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 09:30

INACHEVÉ                                                             

              Il existe une multitude d’ouvrages inachevés ...certains peuvent être très instructifs en montrant l’évolution de la pensée de leur  auteur ou les techniques employées .

              Les manuscrits anciens inachevés ont puissamment contribué à la connaissance de l’élaboration des enluminures * en montrant les traits de construction,les esquisses et parfois les directives inscrites dans les marges *.

              Pour ce qui concerne les œuvres littéraires inachevées certains auteurs se sont farouchement opposés ,au besoin par testament , à leur publication (Chateaubriand par exemple ...) .

              D’autres auteurs ont vu leurs œuvres  publiées en leur état d’inachèvement connaître le succès : “Les Pensées  “ de Pascal , “ Le Procés “ de Kafka , “ Lucien Leuwen “ de Stendhal , “ L’homme sans qualités “ de Musil, “ Tintin et l’ Alph’Art “   de Hergé sont là pour le prouver ....

              Les œuvres inachevées de quelques autres se sont vues publiées après achèvement par une main tierce : c’est , par exemple , le cas de “Scènes de la vie politique  “, roman laissé inachevé par Balzac, qui fut terminé par Charles Rabou à la demande de Mme. de Balzac et publié en 1854.

              Quelques auteurs ont par ailleurs répugné à mettre la dernière main à leurs œuvres ‘voir : « inachevable * ci-dessous  « 

              Les œuvres inachevées  , lorsqu’elles ont donné lieu à un début de publication , constituent un piège pour l’amateur qui ,s’il est mal documenté , risque de penser qu’il a affaire à un exemplaire incomplet *   . 

              Curieusement il n’existe que très peu  de bibliographies des œuvres inachevées tout au plus peut-on citer celle de Stéphane Legrand  qui à écrit en 2014 « Les 30 écrivains qui n’ont jamais donné suite «  ….

              Nombre d’auteurs éprouvent ,au cours de la rédaction  d’une œuvre ,le désir utopique qu’elle forme un tout achevé s’ils devaient en abandonner la rédaction dans l’heure ….chose impossible certes  mais qui , si elle est présente à l’esprit ,peut influer considérablement sur  sa rédaction et , d’ailleurs n’es-ce pas comme cela que , dans l’idéal , on devrait conduire sa vie ?

              Montaigne devait être de ceux-là qui écrivait dans ses essais : »Il faut être toujours  botté et prêt à partir … »

 

INACHEVABLE

              Ce mot , appliqué à un ouvrage  littéraire peut désigner :

                        -Une œuvre complexe et devenue inextricable que l’auteur n’arrive pas à achever .

                        -Une œuvre par nature sans fin ,comme par exemple un dictionnaire ,à laquelle il est toujours possible de rajouter quelque chose.

                        -Un œuvre laissée volontairement en perpétuel devenir comme celles de quelques auteurs qui ont répugné à mettre la dernière main à leurs œuvres ,les considérant comme en évolution permanente   et ,pour certains d’entr’eux , n’en publiant rien : c’est ainsi que Lichtenberg a pu écrire : “ Mettre la dernière main à son œuvre , c’est la brûler !   “....on peut aussi méditer le proverbe turc  “ Quand la maison est finie , la mort entre “  

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 09:13

 

IDÉAL                                                                                                          

              On a longtemps glosé sur ce que devrait être le livre Idéal et encore d’avantage sur la bibliothèque idéale....

 

                                        1) Pour ce qui est du «  Livre idéal «  certains pensent que chacun à le sien , constitué d’extraits et de passages des livres lus qui en se fondant et s’amalgamant constituent une sorte de “florilège  * “ personnel qui ,la plupart du temps reste inconscient ou à tout le  moins inexprimé mais , il existe des cas de tentatives de matérialisation comme , par exemple, Blaise Cendrars qui ne se séparait jamais des “meilleures feuilles “ arrachées dans les livres qu’il avait aimés ...

                       Les avis sont cependant aussi variés que les sensibilités et les goûts et il n’y a sans doute pas de réponse universelle ......

                       On peut toutefois citer quelques définitions :

                        - Dieter Roth :” Le livre idéal est celui qu’il ne serait pas nécessaire de lire..

                        -Proust :”Ce livre essentiel,le seul vrai livre,un grand écrivain n’a pas,dans le sens courant,à l’inventer,puisqu’il existe déjà en chacun de nous,mais à le traduire.Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur.”

                        -Pour Gustave Flaubert,c’était un «  Livre sur rien * « 

                        -Italo Calvino : “Le livre que je cherche c’est celui qui donne le sens du monde  après la fin du monde ,au sens où le monde n’est rien que fin de tout .....”

                        -Pour  Renaud Muller c’est une œuvre “ ...faite de  couches qu’on enlever l’une après l’autre sans arriver jamais  à l’ultime graine , au sens caché “

                        -Pour les bibliophiles , le livre idéal serait “ l’édition originale ,imprimée sur le plus grand papier, tiré dans le plus petit nombre,portant un envoi de l’auteur à une personne connue,enrichi d’une lettre de l’auteur évoquant l’ouvrage et de documents l’interessant  , le tout  étant couvert par un relieur renommé qui l’a signé “

 

                                                2) Pour ce qui concerne la «  Bibliothèque idéale «  de très nombreuses études, enquêtes ou sondages ont été menés sans qu’aucun parvienne à la définir réellement tant le concept  est évanescent et personnel .

              Parmi une multitude d’autres, l’enquête menée en 1956 auprès de 200 personnalités ou écrivains sous le patronage  de Raymond Queneau (« Pour une bibliothèque idéale « NRF-1956)inspire les réflexions suivantes :

             

                       L’enquête demandait de choisir 100 œuvres parmi une liste indicative de 2300 le champ restant ouvert à tout autre texte choisi par le « sondé «  .

                       Sur les 200 questionnés 40 répondirent en jouant le jeu et en sélectionnant parfois plus des 100 œuvres demandées, 40 dirent  ne pas pouvoir répondre soit qu’ils s’estimassent incapables d’une telle sélection restrictive  , soit qu’ils y soient philosophiquement opposés  et les cent vingt derniers ne répondirent pas .

                       Cette répartition des résultats montre en elle-même toute la vanité de la démarche et si l’on essaye d’analyser ces réponses on constate :

                        -Que ceux qui ont répondu paraissent avoir fait une sélection très convenue répondant d’avantage à ce que le « bon ton « le «  politiquement correct « , »la figure de l’honnête homme »,  «Les   livres qu’il faut avoir lus » ,la «  Doxa de l’époque «  ou le «  Souci de paraître «    commandent qu’à leur véritables goûts personnels … Shakespeare,la Bible,Proust,Montaigne, Rabelais , Baudelaire et Pascal classés sept premiers au palmarès général  ne sont sans doute pas ,hormis peut-être pour la bible  ,  lus aussi régulièrement que ce palmarès le suggère ….

 

                        -Que ceux qui ont  répondu sans procéder à une sélection obéissaient à deux motivations :

                                   -Incapacité de faire une sélection  se restreignant à 100 œuvres.

                                   -Opposition « philosophique «  et/ou de principe .

 

                        -Qu’une majorité de sollicités n’a pas répondu pour des raisons   que l’on peut supposer identiques à celles des personnes  du cas précédent ,seul le manque de courtoisie les en différenciant .

 

              Quelques unes des réflexions de ceux qui ont répondu méritent cependant attention :

 

                        -« On a la bibliothèque qu’on mérite ….je lis tout ce qui me tombe entre les mains…les livres sont pour moi une espèce de mouvement perpétuel et une bibliothèque , une pile atomique «  (Blaise Cendrars )

 

                        -« Il n’est pas ,je crois, de chef-d’œuvre dont on ne se lasse … » (Maurice Garçon)

 

                        -« J’attends , précisément ,votre publication pour me faire une bibliothèque d’homme sérieux «  (Jean Anouilh)

 

                        -« Tout livre peut servir de livre de chevet …je propose pour la bibliothèque idéale le “Guide de la boulangerie ” et “L’anthologie de Panama”  « (Jacques Audiberti )

 

                        -« Ma bibliothèque idéale est une lecture …non une relecture … » ( Gaston Bachelard )

 

                        -« L’objet même de vote enquête m’irrite….je ne connais rien d’essentiel, rien de négligeable … » (Hervé Bazin )

 

                        -« J’ai bien peur que la bibliothèque idéale soit celle que l’on montre et que l’on ne lit pas … » (Yvon Belaval )

 

                        -« On se trompe déjà en couronnant un livre ,pourquoi risquer de se tromper en en couronnant cent ? »(Roland Dorgelès )

 

              -« Aucun livre ne m’est nécessaire … » (Marcel Jouhandeau )

 

                        -« J’ajouterais volontiers à la liste la collection des cartes Michelin et un recueil de chansons … » (Jean Meckert )

 

                        -« Ceux [les livres …] qu’on cherche on finit toujours par les obtenir…tous valent la peine d’être l’objet d’une passion… »(Brice Parain)

 

                        -«…. je ne crois pas trop qu’il y ait des ouvrages  essentiels.Je pense qu’il y a des pensées essentielles auxquelles on finit en général par arriver à propos de n’importe quels ouvrages , ou sans ouvrages du tout . »(Jean Paulhan)

 

                        -« Pourquoi chercher à imposer le catalogue d’un nouveau snobisme ?..pour moi la bibliothèque idéale est celle qui comprendrait le plus grand nombre de volumes .. » (Jules Roy )

 

                       Et pour finir et hors de ce sondage , citons Hermann Hesse qui dans «  Magie du livre «  écrit : « Une liste de livres qu’il faut avoir lu absolument et sans lesquels il n’y a ni salut ni culture , n’existe pas ! « 

                        Et le philosophe  Ernst Cassirer qui a écrit : « Chaque bibliothèque est bien la matérialisation de la délicate recherche d'un « bonheur extravagant » que seule procurerait la bibliothèque idéale, contenant tous les livres.

 

                       La FNAC a procédé en 2001 à un sondage visant , parmi 200 œuvres proposées ,à sélectionner les «  50 livres du siècle «  et des 6000 réponses reçues il ressort que le champion est « L’Étranger » d’ Albert Camus suivi de la «  Recherche «  de Proust et de «  Le Procès «  de Kafka, la liste comprenant par ailleurs « Le lotus bleu » d’Hergé(n°18), »Lolita » de Nabokov (n°27), »Le Chien des Baskerville «de Conan Doyle   (n°44) ou «  Le Meurtre de Roger Ackroyd » d’Agatha Christie (n°49)

                       Sélection un peu moins conventionnelle mais sans doute pas exempte non plus d’influences extérieures…. un sérieux doute subsiste concernant  la réalité de la lecture de certaines œuvres plébiscitées….

 

                        3) Les auteurs rêvent , bien sur, d’un «  Lecteur idéal « qui pénétrerait toutes les subtilités de leurs œuvres  et en percevrait à demi-mot le sens caché….pour , bien sûr, constater qu’il n’existe pas ce qui suscite chez certains amertume et dégoût et c’est ainsi que Flaubert écrivait à Ernest Feydeau en Janvier 1859 : « Nous nous sommes arraché du ventre un peu de tripes que nous servons aux bourgeois ….La foule nous passe sur le corps …..C’est de la prostitution au plus haut degré et de la plus vile ! » 

              4)Et d’autres se sont posés la question de savoir quel est le nombre idéal de livres  que doit contenir une bibliothèque  …..question appelant forcément autant de réponses que de bibliothèques !!! …100 ouvrages pour  Gilbert Lély pour qui tout nouvel entrant doit provoquer une sortie ….361 pour un bibliophile sans doute oulipien *cité par George Pérec …et l’infini pour tous ceux qui ne peuvent se résoudre à se débarrasser d’un livre et qui , comme Jacques Bonnet ,écrivent : «  En tout cas le choix de ce qui est à garder  et à rejeter  réclame une énergie que j’ai toujours économisée « (in : « Des bibliothèques pleines de fantômes «  ) 

 

Et pour conclure  , Titivillus , qui entr'autres défauts n'est pas  exempt de vanité , espère  que son œuvre aura une place de choix dans votre panthéon personnel !😀

 

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