XYLOGRAPHIE
Art d’imprimer des textes ou des gravures à l’aide de planches de bois gravées en taille d’épargne*.
Les premières impressions connues en Europe remontent à la fin du XIV° siècle et ont été découvertes lors de la restauration d’ouvrages postérieurs qu’elles avaient servi à renforcer : c’est le cas du “ Bois Protat * “ qui,datant de 1370, est le plus ancien exemple européen connu, suivi de « la vierge entourée de quatre saints « datée de 1418 et d’un saint Christophe de 1423 …
Peut-être faut-il voir cette apparition tardive dans le respect de la bible qui ,au verset 4 du chapitre XX de l’Exode, prescrit : “ vous ne ferez point d’images taillées “ .....
Les éditions xylographiques appelées “ Livres-bloc “ lorsqu’elles sont entièrement réalisées à l’aide de cette technique .,ayant souvent été des éditions populaires (“Ars moriendi *” par exemple..) il n’en est parvenu que très peu jusqu’à nous....
La pratique de la xylographie dans certaines contrées (Chine...Corée) est toutefois plus ancienne et il semble que les plus anciens textes xylographiques connus sont le “ Dharani-sûtra “ coréen daté de 751 et les quelques 80000 autres textes découverts en 1914.... ainsi que le “ Sûtra * du diamant “ chinois daté de 868.
Dés les débuts de l’imprimerie le texte typographique fut associé à la gravure xylographique : d’abord tirés séparément puis tirés ensemble en une seule opération ou , parfois , rajoutés manuellement comme dans le cas des « Chiro*-xylographies « .
Imprimés dès 1450 dans les anciens Pays-Bas,et en Allemagne du sud les premiers de ces ouvrages qui apparurent en France à Lyon en 1478 ( Martin Huss : “ Mirouer de la rédemption de lumain lignaige “ ) et à Paris vers 1481 (Jean Dupré dit “ Jean l’ Archer “ : “ Missel de l’église de Paris “ )sont presque toujours anépistographes * en raison de la migration de l’encre au verso de la feuille .
Précédemment , la xylographie avait servi à illustrer des ouvrages populaires,voire aussi à en réaliser le texte ( »Donat * « ) et , aussi , à réaliser les esquisses des enluminures des manuscrits .
Pour assurer de plus grands tirages des xylographies ont parfois été réalisées sur métal : Jean Du Pré parle de “ figures de cuyvre” dans la préface d’un livre d’heures daté de 1488....et on suppose que l’imprimeur itinérant Neumeister employa cette technique dès 1462 ;elle fut aussi utilisée par les imprimeurs de Cologne et de Leipzig et , à Paris pour l’impression de livres d’heures * .
Certaines de ces xylographies comportent l’indication des ombres
La xylographie est considérée par certains comme le moyen d’expression convenant le mieux aux représentations de la mort et de tout ce qui l’entoure en raison de la vigueur de ses contrastes et de la noirceur de son trait .
Les xylographies en couleurs nécessitent l’usage successif d’autant de bois qu’il y a de couleurs .
Le tirage de xylographies en couleurs fait appel à plusieurs techniques :
-Réalisation d’autant de bois qu’il y a de couleurs et impressions successives de chacun d’eux avec un repérage rigoureux .
-Réalisation d’un seul bois et tirages successifs des diverses couleurs après avoir supprimé la partie du bois ne devant plus être utilisée, le bois étant totalement détruit à la fin du tirage.
-Tirage en une seule passe par encrage en couleurs des diverses parties du bois , celui-ci devant être nettoyé et ré-encré après le tirage de chaque épreuve : c’est cette technique qui fut employée en 1943 par André Derain pour l’illustration du« Pantagruel « édité par Skira dont la presque totalité des bois est conservée à la BN sous la cote « Résg.Y2.208. » ces bois présentant en outre l’intérêt de porter à leur dos des esquisses, annotations et remarques de la main de Derain .
Le tirage en une seule passe par superposition de bois multiples assemblés comme un puzzle en est une variante parfois pratiquée et qui fut utilisé pour la première fois au début du XX° siècle pour le tirage des “ Petits tableaux Valaisans “ de Marguerite Burnat -Provins .
Si , en Europe , la xylographie est depuis longtemps réservée à l’illustration , il n’en est pas de même partout et au Tibet , par exemple , de nombreux textes religieux continuent d’être imprimés à l’aide de planches xylographiques.
Dans les éditions populaires anciennes à très bon marché il n’est pas rare qu’un ouvrage comporte plusieurs fois une même xylographie et il est aussi fréquent qu’une illustration ait été employée dans plusieurs ouvrages aux sujets très différents , éventuellement après quelques modifications de détail : c’est ainsi que l’évêque d’un bois de « La bataille Judaïque «de Flavius Josephus (1490) devient un roi dans « Les Chroniques de France « ( 1493) et un chevalier dans « Lancelot du lac « (1494)….
Par ailleurs , dans ces éditions , la mauvaise qualité du papier , sa rugosité et ses différences d’épaisseur ont souvent provoqué des irrégularités d’encrage , voire des » blancs *« fort préjudiciables à la qualité des illustrations
L’imprimeur strasbourgeois Grüninger et le libraire Vérard sont les inventeurs de xylographies conçues en plusieurs parties pouvant être assemblées entr’elles selon différentes combinaisons pour réaliser autant d’illustrations différentes : »Le grand Thérence en françois « en est un exemple…
La xylographie met en œuvre deux techniques principales : le travail en “ Bois de fil * “ et le travail en bois “ debout * “ la première plus vigoureuse et spontanée , l’autre plus fine et permettant une gravure plus détaillée.
La réalisation de xylographies de taille importante a parfois été confiée à plusieurs graveurs œuvrant simultanément sur une partie , les divers morceaux étant finalement assemblés soit par collage * soit par tringlage *
D’abord seule technique utilisée , elle fut ensuite éclipsée par les techniques de gravure en creux sur métal avant de faire un retour en force vers 1800 avec la gravure en “ Bois de bout “ (l’un des premiers ouvrages marquant ce renouveau ayant été l’édition de « Don Quichotte « de Cervantès illustrée par Tony Jouhannot et parue chez Everat en 1836/37) elle -même éclipsée par la suite par la multitude de techniques nouvelles apparues à la fin du XIX ) et au début du XX° siècles .