ENTASSER (EUR)
1)Dans certaines bibliothèques , chez certains marchands ou sur les foires à la brocante , les livres sont parfois entassés sans tri ni ordre apparents.
Il peut s’agir de simple désordre ou de désintérêt mais , derrière le cahos apparent la réalité est souvent moins simple:
-Les bibliothèques d’amateur aux livres entassés ne paraissent en désordre que pour les yeux extérieurs ...leurs propriètaires s’y retrouvent en général fort bien !
-Le désordre des librairies est souvent savamment organisé de manière à donner à l’amateur le sentiment qu’un trésor peut à tout moment surgir d’un carton ...et ,gage de bonnes affaires possibles , que le libraire ne connaît pas très bien la valeur de ses ouvrages ...
-Seuls les déballages et vide-greniers peuvent témoigner d’un simple désintérêt pour les livres considérés comme une marchandise ordinaire et laissés par terre , voire sous la pluie ...
2) “ Entasseur “ est un qualificatif plutôt péjoratif pour désigner un amateur de livres accumulant de nombreux ouvrages sans discernement : c’est l’une des multiples formes de la bibliomanie * qui peut présenter divers degrés allant de l’entasseur ordinaire qui se contente de bourrer sa bibliothèque ,à l’entasseur pathologique qui remplit le moindre recoin de son domicile et ne vit plus que dans un espace exigu (ce dernier cas est connu pour d’autres objets que le livre et l’entasseur de livres est , à tout prendre moins gênant pour son voisinage que l’entasseur d’ordures ! )
Le qualificatif est à appliquer avec prudence (voir : “ Fatras * “ ) car entre l’entasseur compulsif et le lecteur ne pouvant se séparer d’un livre lu de crainte d’en avoir l’usage dès le lendemain de son rejet il y a une foule de sortes d’entasseurs qui accumulent des livres parce qu’ils pensent les lire un jour, par négligence,par suite d’occasions d’achats à bon compte, par coup de cœur,par velléité non suivie d’actes d’explorer à fond un domaine etc …etc …
On connaît des cas d’entasseurs frénétiques comme , par exemple , Richard Heber « qui , au XIX° siècle avait accumulé 300000 livres répartis dans cinq maisons qu’ils emplissaient de la cave au grenier ou Antoine Marie Henri Boulard qui , toujours au XIX° siècle avait rempli dix immeubles avec 600000 livres dont la vente à sa mort provoqua un effondrement durable des cours sur le marché du livre ancien…
On aurait tort de croire que ce fut là un travers propre au XIX° siècle …il existe encore des amateurs de cette catégorie dont un personnage très en vue qui posséde plus de 300000 livres répartis dans cinq immeubles ….